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ALBINOS ou PRINTEMPS, CERF ou JALOY, EVEQUE, REGISSEUR, ESCAMILLO ou COLONIAL, PRESIDENT.
Telle fut la composition de cette superbe royale qui, dans les années 1950, fit flotter haut la devise rouge et bleue dans toutes les arènes du LANGUEDOC, de PROVENCE, plus loin encore. Il y avait foule pour voir courir ces cocardiers. Beaucoup d’anciens afeciouna auront reconnu qu’il s’agit des pensionnaires des frères RAYNAUD. Les plus jeunes élevés à la culture de la fé di Biòu, auront certainement entendu parler des exploits de cette course. Déjà, à l’entrée en piste, ils impressionnaient par leur grande taille.

Marcel, Frédéric et Jean Raynaud. avril 1989 (Ph. Robert Faure)
Marcel, Frédéric et Jean Raynaud. avril 1989 (Ph. Robert Faure)

 Leur origine

Mais d’où venaient ces taureaux ?

Sur son lit de mort, le manadier PAPINAUD, avait fait promettre à son épouse de ne vendre la manade qu’à son bayle gardian, MATHIEU RAYNAUD.
C’est ce qu’elle fit en 1904, exauçant ainsi les dernières volontés de son mari. Les années qui suivirent prouvèrent que PAPINAUD ne s’était pas trompé. Cet élevage créé en 1875 à partir de vaches camarguaises et d’étalons andalous, MATHIEU et son fils JOSEPH, allaient au fil des ans revenir, peu à peu, à une véritable race Camargue.
ALBINOS était un premier qui ne s’en laissait pas conter. Un peu lourd, il manquait de rapidité, très dangereux car il possédait de grandes cornes.
PRINTEMPS, tout aussi bien charpenté, était plus mobile ayant un moral à toute épreuve. Il savait couper le terrain, aussi il ne fallait pas s’oublier à la barrière.
CERF, un second bien dans la lignée de cette course, grand cocardier par la taille, sachant l’être aussi face aux raseteurs. Toujours collé à la planche, il savait anticiper, toucher la tête devenait dangereux.
JALOY qui sortait lui aussi à cette place, était moins réservé. Très vaillant, il refusait rarement un raset. Malgré cette débauche d’énergie, il savait terminer son quart d’heure par quelques coups d’éclats.
ESQUAMILLO, toujours prêt à en découdre avec les hommes, savait s’imposer de superbe façon ; comme par exemple, à la cocarde d’or en juillet 1958 où il fut le meilleur de la journée et ovationné par le public. Il est vrai que ce jour là, le duel FALOMIR, SOLER pour la première place avait permis aux cocardiers de se mettre en valeur.
COLONIAL faisait, lui aussi, souvent partie de cette royale.
Grand barricadier, il apportait cette note de méchanceté, de brutalité, indispensable à toute grande course. A son palmarès, une énorme prestation, en 1954 à Lunel, avec plus de 20 coups de barrière à son actif.
N’oublions pas MAQUISARD qui, lui aussi, le 2 juillet 1951, s’illustra à la cocarde d’or.
Un quart d’heure superbe ce jour-là. Les manadiers RAYNAUD furent appelés en piste pour le défilé, car à cette époque le prix du meilleur taureau n’existait pas. Hélas en 1952, dans cette même compétition, il reçut un coup de crochet à l’œil qui allait stopper sa carrière prometteuse.

 Les vedettes

Cette royale avait une particularité, cela était certainement un plus.
Elle possédait un troisième et quatrième de très grande valeur, proches l’un de l’autre.
EVEQUE, taureau impressionnant, avec de grandes cornes, presque horizontales. Il savait sélectionner les rasets, ne refusant rien, il allait à la barrière. Lorsqu’il se soulevait après l’homme, il en imposait.
En 1957, EVEQUE allait être le meilleur cocardier de la Cocarde d’Or. Très méchant, il ne blessa pourtant aucun raseteur.
REGISSEUR, presque son jumeau, était certainement le joyau de cet ensemble. Lorsqu’il pénétrait en piste, déjà il impressionnait par sa stature, sa vélocité. Hélas, il avait un défaut, c’est qu’avant de se fixer, il lui arrivait de faire plusieurs tours de piste avant d’accepter un premier raset, heureusement, avec l’âge, l’expérience aidant, céla lui passa.
Les frères RAYNAUD, il est vrai, eurent l’idée de le faire courir une année, le 14 Août à FOURQUES, le lendemain à MAUGUIO. Cela s’avéra être bénéfique. Le deuxième jour, le taureau évita de courir inutilement, il fut très bon.
Cette expérience ne fut pas la seule.

(A suivre...)