Ça s’est passé un dimanche 2 juillet 1995 dans les arènes de Chateaurenard, veille de Cocarde d’Or ; pour la St Eloi, course comptant pour le Trophée des Maraîchers.

A l’affiche ce jour là : Baron de Guillerme, Juvenal de Lafont, Tavan de Gillet, Président de Saumade, Oural de Janin, Stupid de Cuillé, Braconnier de Mailhan.

Coté raseteurs : Guétal, Messeguer, Félix, Mézy, Girard, Perez, Rado, Morade, Ferrand et CHOMEL.

Jusqu’à Oural, à part un magnifique raset* d’un bout à l’autre de la piste, et Dieu sait si la piste de Chateau est longue, face à Président, Chomel n’avait rien fait de super, rien de digne pour son rang de grande vedette.<br

Ourias sur Chomel

Ourias / Chomel

Oural, le grand banu de Janin sort cinquième. Alors , Chomel décida dans son for intérieur, avec la concentration qui le caractérise, avec sa grande expérience, avec sa connaissance du taureau et avec surtout son immense classe naturelle, de l’attaquer.

Arpenteur de piste, et à Chateau il y a de quoi faire, sans cesse en mouvement, mais prompt à la riposte et à toute sollicitation bien consentie.

Chomel avec ses immenses connaissances, son sens inné du taureau et sa vitesse à analyser les taureaux, a vite compris qu’il fallait savoir attendre. Il a choisi la droite du toril, et n’en délogea plus.

Oural parcourait sans cesse la piste avec une meute de raseteurs à ses trousses. Mais Chomel ne bougeait pas de son coin et là, à chaque fois qu’Oural se présentait, il le citait* avec une grande détermination, dans son style si particulier, fait d’audace et d’efficacité, pour en 7 remarquables rasets lui ravir ses 6 attributs.

Pourtant après chaque attribut enlevé, Oural repartait pour son tour de piste et Chomel le laissait à la disposition de ses adversaires. Mais au large, le taureau se défendait mieux, anticipait et enfermait ses adversaires, réalisait 2 beaux coups de barrière et sautait même après Guetal et Ferrand, sans aucune réussite pour aucun des raseteurs sauf pour Christian Chomel, qui, lui, fit le plein d’ attributs* .
Ce fut l’ estrambord* , un enthousiasme indescriptible sur les gradins, même les autres raseteurs en restaient ébahis, assommés. A sa rentrée tous s’assirent sur le marchepied* intérieur, silencieux, pensifs, un extraterrestre venait de se transformer en raseteur.

Donc, exceptionnel exploit jamais renouvelé et qui ne se réalisera peut être jamais plus, exploit où en si peu de rasets, un raseteur a réussi à plumer un taureau ; pauvres sont ceux qui n’ont pas vécu cette époque, pauvres sont ceux qui n’ont pas assisté à ce moment de bravoure.

Ma mère dès la réception de feu "Camariguo", recherchait où se produirait celui qui allait nous faire rêver dans les dimanches à venir. Elle appelait immédiatement les organisateurs pour réserver des places. Et nous languissions d’arriver au prochain dimanche pour aller communier avec Saint Christian.