Décision ministérielle du 27 avril 1859.

De ce qui précède, restait un fait incontestablement acquis, le nécessité de la digue à la mer.
Aussi l’enquête fut-elle ouverte le 14 octobre 1853 sur cette partie de l’avant-projet dont l’exécution fut déclarée d’utilité publique par décret du 19 août 1856, et dont l’entretien fut mis, par le décret du 24 août 1859, à la charge du syndicat de la digue à la mer.

Pendant ce temps, un nouveau projet fut présenté par la Compagnie dite « de la Grande Camargue » .
Les propriétaires, craignant l’intervention d’un concessionnaire, demandèrent la mise aux enquêtes des projets de 1850 et offrirent même de se constituer en associations syndicales pour procéder à l’exécution des travaux avec le concours et les subventions de l’État.

Ces propositions furent acceptées par l’administration supérieure et une décision ministérielle du 27 avril 1859 arrêta le programme suivant.
1:Adoption d’un projet général d’amélioration et révision de celui de Mr Surrel et Montricher.
2 : Mise à l’enquête de ce nouveau projet, qui deviendrait le point de départ de tous les projets pouvant être ultérieurement dressés, soit pour le dessèchement, soit pour l’irrigation.
3 : Création d’associations syndicales pour l’exécution des dits projets, ou maintien des anciennes association dans le même but.

MM Bernard et Perrier révisèrent les études de Surrel et Montricher et présentèrent, à la date du 31 décembre 1859, 29 février 1860, un avant-projet dont nous allons parler avec un peu plus de détails.
Admirablement conçu au point de vue technique, très étudié par suite des connaissances locales de Mr Bernard son auteur, ce projet constitua sur les autres un progrès marqué, en ce sens qu’il souleva après lui des objections, des discussions longues et sérieuses et que, par suite même, sans avoir réussi à se faire accepter, il a précisé les termes du problème à résoudre.

Du projet d’amélioration de MM Bernard et Perrier

1/ Ensemble du projet
a/ travaux d’assèchement
b/ travaux d’irrigation
c/ routes agricoles

Les travaux d’assèchement consistaient en canaux d’écoulement vers l’étang du Vaccarès, et en machines élévatoires destinées à maintenir ce récipient à la cote normale de 0,50 au dessus de la basse mer.
La dépense de premier établissement était estimée à 1 400 000 francs pour les canaux d’écoulage, et à 480 000 francs pour les machines élévatoires. Les frais d’entretien des canaux d’écoulage seraient de 25.000 francs par an, et ceux de fonctionnement des machines d’épuisement pourraient s’élever à 45.000 francs, ce qui porterait à 70.000 francs la charge annuelle de l’entretien.

D’après M.Bernard les irrigations naturelles, c’est à dire pouvant être obtenues au moyen de prises ouvertes dans l’ile même, s’étendrait sur une surface de 19.850 hectares pendant les mois d’avril, mai, juin, juillet, alors que le Rhône est généralement à 0,70m au dessus de son étiage, et sur une superficie de 10.000 hectares seulement, pendant les mois d’août et septembre, époque ordinaire de l’étiage.
Les canaux projetés étaient au nombre de deux, l’un aurait sa prise au petit Rhône , entre Caseneuve et le pont de Fourques, l’autre sur le grand Rhône à la hauteur du mas de Tourtoulen. La dépense était évaluée à 1.400.000 francs pour le second, soit, en tout, 1 720 000 francs.

Les routes agricoles proposées étaient au nombre de trois se dirigeant :
a/ d’Arles à Saint Gilles
b/ d’Arles aux Saintes
c/ d’Arles à Faraman
La dépense évaluée serait de 800.000 francs

Ce projet fut ensuite modifié pour répondre à des propositions de la Société Merle et Cie, propriétaire du Vaccarès, tendant à retrancher de ce récipient une superficie de 2.120 hectares pour l’appliquer à une exploitation industrielle.
Ces modifications furent indiquées et justifiées dans un rapport de Mr Bernard du 13 mars 1861 et dans un rapport de Mr Perrier du 5 avril de la même année.
(...)