28-10-2010 Hotel Impérator - Signature Protocole avec les journaux


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B&T : Après ces considérations sur la course elle même, il resterait à considérer la perte de l’aura de la Fédération Française de Course Camarguaise auprès des institutionnels, des différentes administrations. Son effacement dans les grands événements qu’elle provoquait comme la soirée des Prestiges qui a disparu. Pourtant c’était le soir où était remis le titre de Champion de France.

H.I. :
Cela fait partie, aussi, des choses qui me désolent.
Il faut comprendre que mettre un Champion de France dans une discipline comme la nôtre alors qu’elle n’est qu’une spécificité régionale augmentait la dimension de la Course Camarguaise dont le palmarès figure désormais dans les tablettes du Ministère qui est sensé nous subventionner.
Dommage que cette spécificité régionale soit sous la mainmise du Trophée Taurin. D’autant plus dommage que celui-ci au lieu de s’en réjouir pour l’expansion de la Course il l’ait tout de suite considéré comme un rival.
C’était le rôle, aussi de la Fédération que d’essayer de donner un peu de dimension au Championnat avec cette soirée qui marquait la fin de saison. On regroupait jusqu’à 600 participants devant lesquels on récompensait les champions devant les élus, les représentants ministériels qui descendaient de Paris, etc, etc… Et bien aujourd’hui tout cela a disparu.

La Fédération Française de Course Camarguaise ?
Et bien la Fédération Française de Course Camarguaise on n’en parle plus, elle n’existe plus. On n’en parle pas dans les journaux, on n’en parle pas plus dans les radios, on ne voit personne.

J’ai même rencontré des élus qui m’ont dit ne pas connaitre le président de la Fédération actuel, ni même savoir comment il est fait.

Mais un chat est un chat et je le répète aujourd’hui : il est des situations où la bonne volonté ne suffit plus, il faut des compétences. On ne mène pas la FFCC comme on la menait il y a 50 ans !
Il faut des gens qui aient la vision, qui aient du charisme. Des gens capables de présenter des dossiers, des gens qui intéressent les institutionnels.
Il faut être représentatif, avoir des initiatives, faire des propositions.

B&T : Dommage pour cette soirée, mais ce qui nous inquiète aussi, c’est la disparition d’un événement comme "Stars de demain". Cette journée qui était entièrement dédiée aux élèves des écoles de raseteurs.

H.I. :
Tout à fait !
Pour moi, s’il y avait une journée qui me sensibilisait et me donnait satisfaction, c’était bien "Stars de demain"".
Pourquoi ?
Parce que quand on arrive à réunir autant de gamins dans une arène pour cette photo du final qu’on faisait chaque année avec une centaine de participants...
Entre les enfants, les parents, les amis, les afeciouna, il y avait un millier de personnes dans les arènes de Méjanes l’après-midi.
Et çà, c’était être tourné vers l’avenir.

B&T : Dominique Peron, responsable national Paul Ricard avec qui tu signais annuellement une convention doit en être bien chagriné.

H.I. :
Bien-sûr !
Nous avions la même vision des choses et Dominique Peron avait bien compris qu’il fallait qu’on se tourne vers notre jeunesse.
Alors, parlons de ces écoles de raseteurs qui continuent encore par des imbéciles, car il faut appeler un chat un chat, à être fort décriées et dénigrées.

Je répète que les écoles de raseteurs si elles sont là, c’est surtout pour faire venir des jeunes aux taureaux, pour les sensibiliser, pour les intéresser. On sait très bien que tous ne feront pas des raseteurs, que raseter, plus tard, c’est bien plus compliqué et que c’est une discipline où il faut se faire violence.
L’objectif c’était de mener les jeunes aux taureaux, de mener les parents, les amis, les copains...
Parmi eux, nous aurions pu garder des afeciouna, des gens qui ne raseteront pas, ou ne raseteront plus, mais qui pourraient s’investir dans des clubs taurins, qui monteront à cheval dans des manades etc...
Je reste persuadé que c’est une des manières, même si ce n’est pas la seule, qu’il faut mettre en œuvre.

Une fois de plus on constate qu’on n’évolue pas.

Moi, je prends toujours l’exemple du rugby.
Le rugby est une discipline, une culture du Sud-Ouest. Si on nous avait dit, il y a cinquante ans, qu’à Montpellier il y aurait une équipe qui évoluerait au niveau où elle est, cela nous aurait fait sourire.
Nous ne sommes pas nés ici avec le rugby. C’est pas vrai, ce n’est pas dans nos gènes, ce n’est pas dans notre culture mais c’est 80.000 personnes au stade de France.

Le rugby a su évoluer.
Pourquoi a-t-il su évoluer ?
Parce qu’il a su faire évoluer ses règles, parce qu’ils ont su intéresser les gens, parce qu’il y a du respect entre les hommes, il y a de la discipline, parce qu’il y a du professionnalisme, tout simplement.

On peut être nostalgique du passé, moi aussi, de temps en temps, je le suis de certaines choses, mais on ne peut pas imaginer la course camarguaise, j’entends par là tout ce qui gravite autour, spectacles de rue inclus où là aussi on est restés dans l’amateurisme le plus complet, rester figée et sans évolution.
Nous savons tous qu’une tradition qui n’évolue pas se meurt.

Tant qu’on ne sera pas capables de penser qu’on a un environnement autour de nous qui a changé par la force des choses, pensons aux nouveaux arrivants qui s’installent et qu’il faut aller chercher, convaincre, intéresser.
Nous avons les outils pour le faire mais on ne s’en sert pas.