Ce travail réalisé par l’ingénieur Surrell et par Elie De Beaumont, contraste avec des préjugés et des données que l’on pensait toutes faites mais :
1/ ce n’est pas le courant maritime qui a formé, par le transport des terres du Rhône, cette suite de lagunes ou d’étangs qui se succèdent, depuis le Valcarès jusqu’à Leucate, sur toute la cote du Languedoc. Les atterrissements du fleuve ont bien, il est vrai, enfermé le Valcarès, et les lagunes de la Camargue ont, en effet, été entourées par ses alluvions ; mais c’est la mer qui, seule, a formé les digues naturelles séparant les étangs du Languedoc. Ces digues sont composées de sables marins et non des terres du Rhône. L’analyse de De Beaumont l’a certainement trompé, à moins que les matières soumises à ses expériences n’aient été tirées de l’intérieur des étangs, auquel cas, elles peuvent accuser une provenance fluviale procédant, en partie, des cours d’eau qui se jettent dans ces étangs, comme le Vidourle, l’Orb, le Lez, l’Hérault ; ou bien, si ces matières ont été prises à une certaine profondeur, il peut s’y rencontrer des terres du Rhône, attendu que le bras occidental du fleuve communiquait avec les étangs pendant les anciens temps, comme le prouve le passage D’Aviénus ; et que cette communication a subsisté pendant le moyen âge et le commencement des temps modernes.

2/ C’est si peu le même prétendu courant de l’est à l’ouest que l’on remarquerait sur les côtes d’Italie que les atterrissements du Tibre, ainsi que nous l’avons démontré plus haut, se font en sens contraire à celui du Rhône. Ces apports comprennent 55 milles de côte environ, dont 16 milles seulement au nord de l’embouchure ; c’est-à-dire dans la direction du prétendu courant littoral, et 39 milles au sud.

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