Camargue : ses origines
En 1938, sa population est de environ 10 000 habitants, soit une moyenne de un habitant pour sept hectares. Elle comprend une "ville" Trinquetaille, un village Les Saintes Maries de la Mer. Une cité industrielle récente Salin de Giraud, et divers hameaux, Saliers, Albaron, Le Sambuc, Pioch Badet, Bastières. Le reste est éparpillé sur environ 500 mas, masets ou domaines. On remarquera de ce fait que la vie humaine est réglée en Camargue par l’isolement, pour preuve chaque mas a son four a pain, ses jarres pour stocker huile et eau. Tout jeune, il faut savoir se débrouiller.
D’Arles à Port Saint Louis du Rhône soit 45 kilomètres il n’y a aucun pont. Particularité pour relier les deux rives du Rhône entre Salin et St Louis il y a un bac, dit Bac de Barcarin.
D’Arles aux Saintes Maries de la Mer, hormis celui tout au nord reliant Arles à Trinquetaille, il n’y a que deux ponts. Ceux reliant la Camargue à le Petite Camargue, et se trouvant l’un à Sylvéréal qui était un pont de bateaux ; et celui de Saint Gilles qui était un pont suspendu. Le " pont de Sylvéréal" était appelé à disparaître, un pont suspendu en ciment étant en construction.
Un autre bac est en service et depuis peu il est équipé d’un moteur, en dessous de Sylvéréal au lieu dit le Sauvage.
Tout cela explique pourquoi la Camargue a pu conserver jusqu’à nos jours une physionomie somme toute assez primitive ; elle possède trois routes : deux longeant les 2 Rhône, la troisième traversant la Camargue d’ouest en est c’est-à-dire d’Albaron au Sambuc, juste au dessus du Vaccarès, le reste n’étant que chemins et traverses.
Les Saintes sur 37595 hectares sont la deuxième commune de France la plus étendue après Arles et devant Paris. Elle n’est que très peu peuplée 1200 habitants environ.
Comment mieux la décrire autrement que la réponse d’un jeune soldat à son capitaine pour cette question : De quel pays es tu ? :
" Mon capitaine, Je suis d’un pays où, en plein été, il y a de la neige qui ne fond pas, de l’eau qui ne mouille pas et des montagnes qui marchent".
La neige pour les étendues de sel blanc, l’eau pour les mirages, les montagnes pour le vent qui déplace les dunes. On ne saurait mieux dépeindre la Camargue en si peu de mots. Pour aussi fantaisiste qu’il paraisse, ce tableau est d’une rigoureuse réalité.
Cantier dans sa thèse de doctorat vétérinaire en 1933 dit à son sujet :
Ce sont 143 000 hectares dont 49 000 pour la petite Camargue, 75 000 pour l’île de Camargue et 18 700 ha pour le Plan du Bourg.
En 1901, c’était 72000 ha pour l’île de Camargue, d’ou un gain de 3000 ha, dont 7880 ha de marais et 18511 d’étangs. Le Vaccarès à lui seul occupe 6480 ha, c’est 46 000 ha de terre ferme dont 15000 ha de limon. Le reste soit 31000 ha ce sont des terres vagues ou pâturages qui constituent la basse Camargue.
Ce gain de 3000 ha entre 1901 et 1933 est dut à l’influence du Rhône et de ses alluvions.
La petite Camargue est délimitée à l’est par le petit Rhône et par le canal de Sylvéréal, elle s’étend sur 9000 ha. La plus forte altitude naturelle est de 4.5 mètres au niveau du Mas de Vert à l’ouest de Trinquetaille. L’étendue totale de la Camargue est de 1420 kilomètres carrés.
Trois étymologies sont le plus souvent citées :
a- Ce nom proviendrait du dialecte celto-ligurien ou "cam-ai" signifiait "champ recouvert d’eau".
b- Lou Salinié dit que le mot viendrait de "cara Marca", marca signifiant " frontière" la traduction donnerais "chère frontière" du pays d’Arles.
c- Je vous propose aussi "n’a cap marca" ce qui en languedocien signifie "marca" étant toujours pris dans le sens de frontière "n’a pas de limite".
Mistral le dit dans "Mireïo", chef d’oeuvre récompensé par le prix Nobel :
Un plan-païs immènse ; d’erme,
Que n’an à l’iue ni fin ni terne,
De lieun en lieun, e pèr tout germe,
Dé ràri tamarisso, e la mar que parèi...