C’était l’époque des "super royales" et pour la première course, en ce dimanche 18 juin 1950, nos arènes accueillaient celle de Paul Laurent. L’année précédente, Henri Aubanel avait confié VOVO au manadier des Marquises.

Son bayle Justin Bonnafous avait trié avec VOVO, CARAQUE, SANGAR, FURET, BERNISSOIS et VIVARES.

Le théâtre ce jour-là...

L’annonce de cette grande course avait attiré la grande foule que le chroniqueur Lebrau (André Chamand) estima à plus de 1800 personnes, expliquant :

"C’est en vain que depuis le début de la saison, les afeciouna provençaux couraient d’une piste à l’autre sans connaître l’enthousiasme que demandait leur plaisir favori". Son confrère Pierre Vignon jugea aussi que "les aménagements réalisés permettaient de classer le plan eyraguais parmi les meilleurs du moment".

Ruiz, Simian, Morand, Ginoux, Boursier, Coeur, André Douleau, Eyraud, Falomir, Labrado, René, Tosi et Volle se distinguèrent parmi les vingt quatre tenues blanches présentes. Les quatre premiers surtout qui passèrent VOVO.

Le tau d’Aubanel s’était déjà fait remarquer la veille en refusant d’entrer dans le toril et avait passé la nuit dans la piste ! Il n’avait pas encore six ans mais sa réputation de démolisseur le précédait déjà. Les responsables avaient donc - par précaution - ajouté une rangée de bigues aux installations existant sur le pourtour du rond.

Très attendu comme on s’en doute, il fut applaudi dès sa sortie, troisième après Vivarès et Caraque. Il portait 6 000 f. sur les cornes. (1)

Après s’en être pris aux planches selon son habitude VOVO débuta excellemment par trois coups de barrière sur Ginoux (deux) et Simian qui fit la coupe de la cocarde. Volle la lui prit à 3 500 f. et le premier gland fut pour Ruiz. Les points furent doublés au second qui monta d’abord à 10 000 f. VOVO enferma régulièrement les hommes, terminant chaque fois aux planches, les faisant voler derrière Ginoux et enfonçant les portes devant le toril après le même. Maître de la piste, en véritable cocardier il se fixa ensuite dans les angles, attendant les attaques. Morand se décida, lui fit quatre rasets et les planches volèrent encore. Les points furent triplés et le gland continua de monter : 12, 13 puis 15 000f. à la dernière minute (2). C’est Simian qui le lui ravit sur la sonnerie (après d’après Lebrau...). Carmen bien sûr à sa rentrée ovationnée.

Terminant sa course en vrai cocardier, VOVO avait été tout de même moins fougueux, moins désordonné qu’à Beaucaire. S’il avait "fait du bois", la surélévation prévue n’avait pas été utile.

A. Chamand constata "qu’il sait se servir remarquablement de ses cornes maintenant écourtées. Il conviendrait que les spectateurs ne l’attirent pas contre les barrières : il y va sans cela ! Il risque de les abimer et elles le sont suffisamment. Avec Furet et Sangar, Vovo forme un trio de valeur qui fait de la royale de Laurent une des meilleures actuellement".

La présidence qualifiée de "généreuse et intelligente" par P. Vignon donna le classement des hommes à l’issue de cette première journée :

  • Ruiz, 11 pt.
  • Simian et Morand 7.
  • Tosi 4.
  • Douleau André 3.

Ce fut l’unique venue de VOVO dans notre piste... mais on en parle encore !

(1) Une place numérotée valait 200 f. Il portait donc 30 fois ce prix. Si on applique ce rapport à notre époque (12 €x30), cette somme représente environ 360€. Sangar portait la même somme, les quatre autres sortaient avec 4500f. (environ 270€ comme aujourd’hui).

(2) Par le même calcul il valait environ 1000€.