Le cheval camargue.
Le cheval camargue appartient à une race très particulière, qui n’a son équivalent nulle autre part en France tant par sa manière de vivre et ses caractéristiques physiques que par ses qualités.
Plusieurs thèses existent, présentant le cheval camargue tantôt comme un survivant préhistorique réfugié dans le delta rhodanien, tantôt comme un cheval d’origine germanique ou bien encore comme un cheval d’origine mongolique, amené en bateau par les colonisateurs phéniciens.
Selon Gérard Gadiot, qui fut secrétaire de la confrérie des gardians, le cheval camargue serait le descendant à peine modifié de Equus Caballus" du quaternaire dont on retrouve les représentations dans certaines grottes préhistoriques de Niaux (Ariège), Lascaux (Dordogne), ainsi qu’au pied de la roche de Solutré (Saône et Loire). Tout cela apparaît au premier abord, assez compliqué, alors résumons : le cheval camargue peuplait la Gaule primitive ; à l’approche de homme il se serait peu à peu retiré dans les parties les moins accessibles du pays.
Hypothèse ingénieuse, due à Charles Naudot dit " Lou Camarguen " : il aurait suivi la mer dans sa régression vers le delta du Rhône.
Après des origines relativement incertaines, comme nous venons de le constater, la vie du cheval camargue a été plutôt mouvementée, depuis Jules César qui créa deux haras à Arles et Rhodansia en passant par les multiples réquisitions pour les guerres dont il fit l’objet dès le XIIème siècle avec les Comtes de Provence, puis au XVIIème siècle avec Jean Laporte dans les Cévennes, jusqu’à Napoléon qui en fit équiper sa Grande Armée.
C’est vrai, il en a " bavé " notre cheval camargue !
N’oublions pas d’autre part qu’il dut subir de nombreux croisements avec des chevaux barbes, bretons et autres. En 1890, Pader, qui était vétérinaire dans un régiment de hussards, insistait sur les ressemblances avec les chevaux orientaux et évoquait l’influence des chevaux arabes laissés par les Sarrasins dans le Midi du Moyen Age...
Peu à peu, la race camargue perdit ses plus beaux sujets, tandis que les " rescapés " étaient utilisés pour " li cauco ", c’est à dire pour fouler le blé en gerbes sur l’aire, jusqu’à l’adoption du rouleau et des machines modernes.
A cette situation tragique devait s’ajouter la mise en culture de la Camargue. En 1964, manadiers et éleveurs, convaincus de l’intérêt à conserver cette race dans son type originel, décidèrent de créer l’Association des Eleveurs de Chevaux de Race Camargue.
En mars 1978 la race camargue fut officiellement reconnue.
Déjà en 1550, l’évêque Quiqueran de Baujeu s’exclamait au sujet des chevaux camargue : " il s’en trouve parmi les nôtres, lesquels avec toute leur mauvaise mine, sont pourtant légers, si prompts et ont tant de fougue et de courage et sont de si longue haleine qu’à force de travailler, ils font quasi périr ceux qui les montent !...C’est une erreur populaire d’estimer nos chevaux de moindre valeur... peu sujets à maladies, ils se soignent avec moins de perte et de frais. "
A l’heure actuelle, les éleveurs, conscients des nombreuses qualités de leurs chevaux, se battent pour la conservation de cette race et le maintien de son environnement. Ils se sont accordés sur un " standard " ou modèle de race camargue, officiellement agréé par les haras. La législation rendant enfin hommage aux qualités des camargues, d’établir un livre d’origine ou stud-book.
Nous ne citerons ici que quelques points de ce standard de race. Le cheval camargue se présente sous les apparences d’un cheval de selle rustique, sa tête est importante, généralement carrée et bien attachée.
Adulte, la robe du cheval est gris clair, parfois truitée. Il possède une poitrine profonde. L’épaule est droite et courte ainsi que l’encolure. Le pied du cheval est sûr, sa surface portante développée. La croupe est courte et la queue basse avec un crin très fourni au départ. Dernièrement, les éleveurs sont tombés d’accord sur la taille du cheval camargue : il peut désormais atteindre 1,48m au garrot (âge adulte).
Le cheval camargue naît, et vit dans la région de Camargue qui se révèle prépondérante pour le développement de ses qualités. Cette région est délimitée par le triangle Tarascon, Montpellier et Fos, et n’ont droit à l’appellation " Camargue ", que les produits nés et élevés en " manade ", ce que l’on désigne par le " berceau de race ".
Par ailleurs il existe un concours national d’approbation à la monte publique qui se déroule chaque année. Un jury est mis en place par la commission camargue selon les définitions de l’arrêté ministériel du 19 mars 1990. L’effort des éleveurs, l’agrément de la race par le Ministère de l’Agriculture, ont ouvert des perspectives heureuses pour notre cheval camargue qui reste et doit rester l’une des fortes images de marque de la région, reflet des grands espaces et des gardians dans leur authenticité.
Toutefois il est clair qu’au-delà du rêve, le cheval camargue est aussi un " objet " commercial, et, là aussi, l’exigence de qualité a son intérêt.
Il incombe aujourd’hui à tous ; éleveurs, manadiers et loueurs, de s’accorder afin de conserver au cheval camargue et à la Camargue toutes leurs lettres de noblesse, en se méfiant des représentations médiatiques, superflues et tape-à-l’œil auxquelles on assiste trop souvent actuellement.
Force est de constater que l’intérêt des chevaux camargue ne s’est jamais relâché depuis l’article royal de l’an 1734 jusqu’à l’arrêté du 17 mars 1978 portant agrément au Parc Naturel Régional de Camargue pour participer à la sélection du Cheval Camargue : " La Camargue est, sans contredit, un des cantons de l’Europe où l’on peut élever les meilleurs et les plus parfaits chevaux, si l’on veut s’en donner le soin."
Le Parc est agréé pour participer à la sélection du cheval camargue. C’est lui qui détient l’arbre généalogique ou stud-book. Son rôle est de vérifier l’affiliation des poulains.
Le Parc participe également à la mise en place du Diplôme d’Accompagnateur de Tourisme Equestre. Son rôle est évidemment d’encourager l’utilisation du cheval camargue.
Actuellement 75 manades de chevaux camargue sont enregistrées à l’association des éleveurs.