Sanglier, Ô Taureau-Dieu, maître de la plaine et roi du cirque, repose en paix dans le silence éternel de la terre qui t’a engendré et qui t’a nourri. Les hommes t’ont redonné à elle, sans mutiler ton corps magnifique. Ils n’ont rien voulu garder de toi, si ce n’est dans leurs cœurs, le plus vivant souvenir de ta puissance et de ta royauté.

Messager de Mithra, dieu de la force et du courage, ta mission merveilleuse est accomplie. Ô toi, qui au lendemain des combats fratricides, es venu ramener l’homme, sur le chemin de la beauté, de l’art et de l’amour, dors ton dernier sommeil, récompense d’un labeur méritoire.

Sanglier, Ô fier cocardier, prince des manades, le plus beau parmi les plus beaux, ô fils d’Apis, écoute monter vers toi l’hommage d’un peuple enthousiaste et reconnaissant.

Ecoute dans cette langue harmonieuse du terroir, le concert toujours croissant de nos louanges et de notre admiration. Il s’élève vers toi, il accourt des quatre points de l’horizon, sur l’aile de nos vents les plus doux, comme les plus violents. Ecoute l’hymne vibrant et sincère de notre race fidèle.

Repose en paix, Sanglier, ô toi qu’anima toute une vie, le souffle conquérant de Mithra. Tu as raffermi en nous les croyances des aïeux, tu as sauvé notre fierté gardiane et lui as donné un élan nouveau. Tu as droit à l’immortalité.

Mais, si un jour hélas, le destin capricieux tentait de souffler la flamme pétillante du flambeau de notre foi et de nos traditions, si nos fils désertaient le temple de nos arènes et fuyaient les les frères de ton espèce et leurs sombres manades, s’ils dédaignaient nos jeux séculaires, pour de vains plaisirs, alors, libère toi de ta prison de terre, bondis hors de ton tombeau et tes cornes pointant vers le ciel, pousse encore une fois ton cris de guerre et de ralliement, afin de ramener sur le chemin qu’illumine l’étoile, ceux qui seraient tentés de renier leur terre, leur langue et leur foi.