Ce jour-là, vexé de conduire une abrivado à BAILLARGUES - abrivado commandée par les monarchistes " les blancs " - le Marquis se heurta, à l’entrée du village, aux républicains " les rouges ", qui firent tant et si bien pour que la course ne rentra pas, que les taureaux s’échappèrent.

Le Marquis et ses gardians aidés par " les blancs ", récupérèrent les biòu et se présentèrent une nouvelle fois à l’entrée du village, mais " les rouges " déchaînés les empêchèrent d’entrer.

Alors, le Marquis s’avança seul, éleva son trident et déclara : " Li biòu soun ni rouge, ni blanc : soun nègre !...
Li voulès ou li voulès pas ?

Surpris par cette déclaration qui réveillait en eux leur appartenance à la fe di biòu, qui au-delà de toutes idées reçues leur révélait une nouvelle fois que l’âme d’un pays est indivisible, tous s’écrièrent : " Li voulen ! Li voulen !... ", et c’est sur une double haie d’honneur que cavaliers et taureaux pénètrèrent dans le village.

Ce même village, qui quelques instants plus tôt était divisé puis réuni ensuite au coude à coude, uni par quelque chose de plus fort, pour les gens de cette partie du Midi : La Fe di Biòu !