"Les biòu proliférèrent et atteignirent le chiffre de soixante dix bêtes environ. Il est à noter que durant leur exil, ils n’eurent jamais de contact avec l’homme. Un beau jour on décida de les capturer et ce ne fut pas on s’en doute bien une mince affaire ! On fit appel à l’usage d’une grue montée sur bateau, un bateau possédant à l’arrière des roues à aube pour se mouvoir à l’image des navires du Mississipi. Cette barge porte grue se nommait " Le Languedoc " et appartenait à la compagnie HPLM.
Mais revenons à l’opération. On procéda d’abord à la capture des taureaux à l’aide d’une longue corde munie d’un lasso ; ensuite le treuil de la grue mouillée près de la berge amena le fauve dans le Rhône et le souleva.

Ce devait être une vision fort curieuse que cette élévation dans les airs d’un taureau mais on ne procédait pas autrement sur les quais de Marseille lorsque " la viande de bœuf sur pieds " était embarquée à l’aide de mâts de charge dans les cales des longs courriers !
Lorsque l’animal arrivait sur le pont du " Languedoc ", il avait déjà été "ficelé" par les gardians aux pattes et ce ne fut pas un travail facile !
Les taureaux furent alors amenés à Port-Saint-Louis, chargés dans un wagon à destination de Lunel.
Parmi eux était le toro qui, quelques jours plus tard à Lunel, devait blesser à mort l’infortuné Malla (ou " Mellette* ")
Parmi les hommes de Bouvine qui participèrent à ce curieux transfert il y avait M. Henri Robert qui le 14 novembre 1970 avait eu l’amabilité de me communiquer ces renseignements.

L’histoire taurine est faite de mille détails transmis de générations en générations et notre rôle à nous est de continuer la chaîne.
Voilà qui est fait !
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