La manifestation a débuté le mercredi 16 novembre par une grande réunion tenue dans les locaux de l’Union Taurine Nîmoise.

La salle est rapidement bondée.
Messieurs :

  • Aubry, président,
  • Guiraud, vice-président,
  • Dumas, trésorier,
  • Berrus et Willig, membres du bureau
    prennent place à la table présidentielle en compagnie de Messieurs :
  • de Baroncelli-Javon,
  • Joseph D’Arbaud
    et
  • Bernard De Montaud-Manse représentant la Nacioun Gardiano,
  • Passemard, président du club taurin "lou ferri" de Lunel, président de la Fédération des sociétés taurines de France et d’Algérie,
  • Bonnefoi d’Alès, ancien président de la fédération,
  • Delprat, président de la société tauromachique de Béziers,
  • Forné, Directeur des arènes de Béziers
  • et le mécène de la course libre : Olivier Brun.

Monsieur Audry souhaite la bienvenue aux nombreux délégués des sociétés fédérées, et indique, que si, contrairement à son attente et au bruit qui en a couru, il n’a pas été donné suite à l’action engagée contre lui, il faut en voir la cause dans ce fait que lors de sa comparution devant le commissaire de police, il a déclaré à ce magistrat qu’il se réservait le droit de faire citer en qualité de témoins , le Maire de Bordeaux, le président du Conseil Général des Bouches du Rhône, le Maréchal Fayolle, toutes personnalités ayant au cours de la temporada présidé en sa compagnie des Corridas en Arles, Bordeaux et le Bouscat ; ainsi que le général Maleterre envoyé officiellement par le gouvernement Français, présider à Barcelone une mise à mort donnée au bénéfice de nos œuvres de guerre.

Il ajoute qu’il aurait fait également citer le maréchal Lyautey, qui depuis sa déposition, a présidé la course du 10 octobre 1921 dans les arènes de Casablanca.
Monsieur Passemard donne ensuite lecture des très nombreuses lettres d’encouragement et d’adhésion qui ont été envoyées de toute part au bureau Fédéral.
Monsieur De Baroncelli-Javon, prié de dire quelques mots, se dérobe avec sa modestie habituelle et cède la parole à Bernard de Montaut-Manse.
Celui-ci prononce alors une vibrante et éloquente improvisation en pure langue mistralienne dans laquelle il est depuis longtemps passé maître.
Il dégage superbement la mystique du mouvement et montre l’importance que les populations Provençales et Languedociennes doivent attacher au maintient intégral des multiples branches de l’art Taurin, dans lequel nous devons voir plus et mieux qu’un sport ou qu’un jeu ; il félicite chaudement les Nîmois d’être venus nombreux assister à cette réunion qui constitue selon lui la véritable « Veillée d’Armes » de l’Aficion.
Monsieur Joseph d’Arbaud récite sa fameuse Cansoun di ferre , qui est devenue en peu d’années le chant national de la Camargue.

Pour clore la séance, l’infatigable de Montaut-Manse déclame avec fougue «  la Cansoun Gardiano  » dont Monsieur d’Arbaud est également l’auteur. Cette poésie ardente et farouche d’où s’exhale l’amour passionné des vastes horizons et de la vie rude et libre de la Sansouiro évoque dans cette salle enfumée et bruyante, une pure vision de gloire et de beauté, et déchaîne un indescriptible enthousiasme.

Monsieur De Montaut-Manse fait remarquer avec beaucoup d’à propos, que le moment prédit avec une géniale intuition par le grand écrivain du «  Lausié d’Arle  » et du «  Rampau d’Aramest  » arrivait :

Mi fraire gardian sian qu’uno pougnado,
Mai sauvan la terro e l’us naciounau
De la mauparado.
E beleù qu’un jour la raço aubourado
Boumbira deliùro à noste signau.
Ficheroun siès lou rèi dou Lengado Rouman
L’ensigne fèr de la Camargo
Quau saup s’oubraras pas, quauque jour, ferre ami.
Pèr sauva lou Miéjour e sis ancian usage !
Aquest cop, de la mar au païs Cevenou
D’escorno e de mesprès la Prouvenço sadulo
Te floucara, moun ferre, emé de riban nou,
Qu’auras proun merita mena la farandoulo !

Bernat De Montaut-Manse