186/ Sonde ou Kali
Lorsque la guerre contrariait l’importation de la soude d’Espagne en France, et que les arts n’avaient pas fait connaître encore leurs procédés pour l’obtenir en grand, par la décomposition du sel marin, la culture du Kali pouvait présenter des spéculations très avantageuses à la Camargue.
Ses sansouires sont très propices à cette plante, qui ne végète bien que dans un terrain salant.
Mais, depuis que l’industrie manufacturière fournit des produits au-delà des besoins et qu’elle peut les livrer à un prix modique, les semis de soude sont devenus très rares.

187/ Semis de Kali
Ils exigeaient, pour la plus grande prospérité de la plante, qu’on préparât la terre comme le demandent les prairies artificielles.
Aujourd’hui on se contente de jeter les graines au hasard dans les plaines inondées en s’y promenant à cheval. L’eau est dissipée par l’évaporation à l’arrivée du printemps et la soude s’élève.

Si dans quelques terres labourables, on sème encore du Kali, c’est qu’on pense qu’il combat utilement l’action du sel marin sur les blés. Les semis faits dans cette intention ont lieu immédiatement après ceux de froment et sur le même sol.

La herse, en aplanissant la surface suffit pour recouvrir les grains, qui ne commencent à germer qu’à la fin de l’hiver. Les plantes céréales peuvent avoir acquis alors assez de force pour lutter contre le développement du Kali.
Quelquefois, elles l’empêchent de prospérer mais, comme il est très vivace, il résiste souvent et donne sa récolte aux dépends du froment qu’il prive d’une partie de sa nourriture.

188/ Récolte du Kali, exportation de la soude.
C’est la fin du mois d’ août qu’on arrache le Kali.
Les plantes sont mises en monceaux, pour leur laisser opérer un commencement de fermentation. Quand on les juge suffisamment échauffées, on les jette par partie dans une fosse circulaire, enduite d’argile bien battue, qui ne laisse ni perdre, ni gâter le produit.

Celui-ci s’obtient par l’incinérations successives.
Des ouvriers munis de long bâton retournent sans cesse la matière enflammée et en présentent de nouvelles au feu quand la première est consommée.
La soude qu’on retire à la suite de cette opération, sert à la fabrication du savon et du verre.
Elle est enlevée par le commerce de Marseille.