Le 8 octobre 1978, lors de la 27ème finale du Trophée des As, le jeune raseteur Christian Chomel était porté en triomphe par ses pairs dans le défilé final.
La course n’avait pas été exceptionnelle, mais elle avait été marquée par trois faits dont on se souviendra longtemps...
D’abord une affluence extraordihaire, peut être la plus importante de tous les temps, de l’ordre de 20 000 personnes, le beau temps étant aussi de la partie. Ensuite, en remportant sa septième victoire au Trophée d’Eté (la compétition ayant été scindée en deux) Patrick Castro établissait un record en la matière et effaçait des tablettes les six succès d’André Soler. Et ce n’était pas la dernière...

Enfin et surtout - l’image reste dans les esprits - le jeune Christian Chomel, qui n’avait que 19 ans, est reconnu par tous comme la future vedette. A tel point que quand vient le défilé final, son nom est scandé par la foule.
Gérard Barbeyrac et André Sanchez le hissent sur leurs épaules et il participe avec les lauréats au tour de piste. Le manadier Jean Lafont lui offre son bouquet. C’est le début de la grande consécration.

En piste, 35 tenues blanches furent bien nécessaires car en fin de saison, bien des présents étaient discrets. P. Castro à travaillé à sa main comme ses suivants E. Dumas, J. Passemard ou J. Roumajon. En revanche, J. Siméon fut très en vue. Mais surtout des jeunes aux dents longues, ayant les coudées franches, ont eu vite les faveurs du conclave.
Leur audace et leur classe méritaient les ovations reçues, que ce soit J.-M. Tognetti ou Ch. Chomel, deux garçons qui en un an ont atteint la grande notoriété, le premier nommé terminant même sa saison sur la troisième place du podium (meilleure place de sa carrière) derrière les inamovibles Castro et Dumas. Ajoutons que seulement trois ficelles ont été levées, ce qui signifie le peu d’acharnement à se les approprier. Dommage, le public ne demandait qu’à vibrer. Mais voyons le déroulement de la course.

Lieutenant de Lhoustau-Rouquette a eu fort à faire. La tâche était au dessus de ses forces et il s’installa au centre lors des dernières minutes.
Poker de Fabre-Mailhan tira son épingle du jeu par des ripostes dangereuses après Volpellière, F. Lopez et ne renonça jamais, ce qui lui valut plusieurs fois le disque.
Cagoulard de Guillierme, vite dépouillé de ses principaux attributs se reprit aux ficelles et en céda une, la première de l’après-midi, et si le mitan l’attirait, il en sortait quand il était bien sollicité.
Après la pause sortit Goya de Laurent. Les jeunes l’attaquèrent sans complexe et en quatre minutes, Chomel fit la coupe, J. Siméon la cocarde, Tognetti les glands. Christian coupa le frontal sous l’ovation, mais les ficelles rentrèrent à 2500 f avec la musique bien sûr.
Ensuite, Pascalet de Rébuffat, boiteux, est présenté en piste.
Pemen de Blatière le remplace et sera le seul à être entièrement décocardé. Sa vaillance est mise à rude épreuve, entre-coupée de finitions aux bois.
Ventadour de Lafont, le Biòu d’Or 77, n’a rien perdu de ses grandes qualités. Cette saison, le titre lui a échappé parce que des voix se sont portées sur Diogène du même élevage. Le prix du meilleur taureau de la journée lui revient, avec une ovation unanime, pour ses réactions vigoureuses et prolongées, Chomel en étant souvent à l’origine.
Ringot de Blatière, sacré Biòu d’Or cette année-là, est passé complètement à côté du sujet. Cela s’est produit et arrivera encore. Une quinzaine de sauts, c’est quand même beaucoup. L’un d’eux, après Tognetti, sema la panique, d’aucuns diront la terreur, en contrepiste. Mais la bronca salua sa rentrée. Un impeccable cérémonial agrémenta la distribution des prix et le défilé final sur lequel nous nous sommes déjà étendus.

LEBRAU