Comme tous les pays de delta, la Camargue est totalement dépourvue de matériaux de construction. Aussi ses habitants, au cours des siècles, furent-ils obligés de s’approvisionner en matériaux de construction dans les carrières voisines du Pays d’Arles, comme celles les plus proches de Fontvieille, et même pour certains matériaux sur la commune de Beaucaire.
Toutefois, on réserva généralement l’emploi de la pierre de taille, dont le transport s’effectuait par voie d’eau, aux constructions les plus importantes comme les ouvrages de défense, les édifices religieux, les châteaux et les mas des grandes propriétés, pour les édifices publics. en revanche, on trouvait sur place et en abondance, de l’argile, des roseaux, du bois, des matériaux légers, faciles a travailler, qui ont permis d’édifier a moindre coût des habitations, des édifices atypiques de la Camargue, remontant sans doute au néolithique, mais aussi des constructions de bien plus grandes importance pour servir d’abris pour le bétail domestique. Le seul bâtiment « industriel » encore visible en bon état de conservation se trouve au lieu dit la « Favouillane » sur la commune de Port Saint Louis du Rhône qui a servi et sert encore de nos jours de bergerie, elle à été édifiée vers 1630. Cet édifice a été restauré plusieurs fois la dernière remonte à 1980-1981, elle est située sur le domaine du Radeau depuis 1931.
Les cabanes de gardians tel était sa dénomination, est encore nommée comme ça, elles étaient leur seule demeure, oh, combien modeste et vétuste, elle protégeait tant bien que mal du chaud, du froid, du vent, elles ont aussi été utilisées par les sauniers au moment des récoltes, les vanniers surtout en petite Camargue, les pêcheurs, certaines étaient réservées comme greniers, écuries et bergeries dépendant d’un mas, ces cabanes avaient une existence assez brève en général, car les matériaux employés pour leurs constructions étaient des matériaux périssables, étaient assez vite dégradés par les intempéries, quand ils n’étaient pas détruits par le feu. Les dernières ne peuvent remonter au plus à un quart de siècle en arrière, (1) donc plus aucune ne subsiste, mis a part les 2/3 propriétaires qui ont eu l’autorisation de pouvoir en construire a usage d’habitation, les dernières se trouvent à Saliers.
Toutefois, on est fondé à supposer que la technique utilisée pour leur construction était resté traditionnelle, qu’elle n’avait guère évolué au cours des âges et que, jusque vers 1900, on avait continué à les édifier avec les mêmes matériaux qu’autrefois sans un modifier sensiblement les caractéristiques. Un certain nombre de documents que j’ai mis à jour, en dépouillant les archives communales et notariales d’Arles antérieures à 1800, vont précisément nous permettre de vérifier cette hypothèse tout en nous fournissant de nombreux détails sur les techniques utilisées au cours des XVIIe et XVIIIe siècles pour la construction et la réparation de ce type d’habitat particulièrement original.