La Levée des Tridents (1 / 9)
Solidarité Méridionale
Une émouvante expression de la solidarité méridionale contre le Nord.
Préambule :
Voici le premier de neuf articles compilés par Furet sur cet évenement qui a marqué par son unité, l’Histoire de la Course Camarguaise et l’identité du peuple de Bouvine. Ils seront publiés à quelques jours d’intervalle.
Qu’il en soit remercié de nous le remettre en mémoire !
Le récit des évenements est tiré, ainsi qu’il le mentionne d’un article de St Marc Jaffard. NdT
L’histoire de la Course Camarguaise contient des pages émouvantes de bravoure. La levée des Tridents en est une que l’on ne doit pas oublier.
Elle fut vécue le 17 novembre 1921.
La société protectrice des animaux de Paris (S.P.D.A.) avait osé s’élever contre les traditions taurines méridionales.
Cette société, nous avons pu le constater au cours de la saison dernière, n’a pas désarmé et continue dans un racisme exacerbé, à s’élever contre les gens du Midi, que depuis des années elle ne cesse d’accuser et dont elle souhaite ardemment voir restreindre les libertés. Cette société qui, au demeurant pourrait être sympathique, mène une action anti-régionale qui finalement exaspère et dresse les méridionaux contre les parisiens.
Que des français attaquent ainsi d’autre Français est inadmissible. Ces français du Midi ainsi honnis par la S.P.D.A. parisienne, on a bien su les appeler à Drieuze, à Commercy et autres lieux de sinistre mémoire lorsqu’il fallait se faire tuer contre les envahisseurs du Nord.
A ce moment là la S.P.D.A. parisienne ne protestait pas contre le carnage et des hommes et des animaux.
St Marc Jaffard, grand afeciouna réagit sainement et explique dans un article plein d’émotion :
le Midi Provençal et Languedocien a toujours placé au premier rang de ses revendications le respect de ses libertés taurines, parmi lesquelles la Corrida de Muerte et l’abrivado lui tiennent particulièrement à coeur.
La reconnaissance formelle de notre droit immémorial doit remplacer cette instable tolérance dont le nom seul est un ouvrage et qui demeure à la merci d’un changement dans les idées des membres du gouvernement.
Cette humiliante servitude, fruit d’une excessive centralisation, ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir, si nous avons assez d’énergie pour imposer notre volonté d’être sur ce point au moins, maîtres chez nous.
Une campagne violente, dont le but est d’arracher aux pouvoirs publics l’interdiction des corridas, est menée depuis longtemps avec une activité sans cesse accrue ; ses auteurs dans le but de se concilier des sympathies, s’efforcent de couvrir du manteau de l’humanité leurs manoeuvres anti-méridionales ; et prétendent que nos jeux nous ravalent au rang de peuples barbares, et sont de nature à nous attirer le mépris des autres nations.
Il est curieux de se voir traiter de sauvages par des gens dont les ancêtres vivaient dans de misérables cabanes, à une époque où les nôtres avaient depuis longtemps atteint un degré de civilisation très avancé, construit le Pont du Gard, la Maison Carrée, les Arènes et couvert notre sol de chefs-d’oeuvre dont les débris font aujourd’hui l’ornement des musées du monde entier.
Ces idées, soi-disant modernes, dont on veut sous l’étiquette de progrès nous imposer l’admiration, et au nom desquelles on prétend nous contraindre à l’abandon de nos dernières libertés ; ne sont en réalité qu’un retour d’une barbarie qui pour se présenter sous une forme scientifique, n’en est que plus perfide et plus dangereuse. Il nous appartient de marquer notre volonté bien arrêtée, non seulement de maintenir ce qui nous reste de nos traditions, mais encore de reconquérir peu à peu l’intégralité de celles qui nous ont progressivement été ravies.
Nous ne pouvons admettre d’autres restrictions que celles exigées pour le maintien de l’ordre public, lequel ne saurait être troublé à aucun degré par la célébration d’un spectacle auquel nul n’est contraint d’assister.