Monsieur Passemard, président de la Confédération Générale des Sociétés Taurines ; Monsieur Gaston Audry, ancien président ; Monsieur Grand, Capitaine de la Nacioun Gardiano, et moi, nous venons de remettre au Préfet du Gard le texte des revendications méridionales au sujet des courses de taureaux.
Dernière liberté de notre peuple, il faut que ces courses soient non seulement autorisées, mais encore respectées par le gouvernement français.

Tout à l’heure nous nous présenterons devant la justice de ce pays. Nous irons à elle, avec la conscience réfléchie, droite et lumineuse de notre droit.
Dans cette bataille pacifique, nous nous servirons, devant le juge qui va nous départir, des armes de la loi : La Loi nous protège. Mais nous userons surtout de ces armes puissantes que nous fournit la mémoire de nos aïeux et l’amour sacré de notre beau terroir.
Comme autrefois le géant de la fable, nous tirons de notre terre mère le plus clair de nos forces !
Quand nous défendons nos courses de taureaux, vous serez présentes à notre souvenir et à notre coeur, arènes magnifiques de nos pères les Romains, vous serez dans notre âme et devant nos yeux, cirques de nos villages, que nous construisons chaque été, d’un cercle de charrettes, en farandolant ; nous penserons à toi, beau Languedoc, patrie de la vigne et des garçons bruns, à toi, douce Provence, nid de jolies filles, jardin de cyprès et d’oliviers, paradis de lumière et de parfums.

En plaidant pour nos courses, nous plaiderons pour toi, Camargue sainte, contrée où si souvent, dans la poursuite des taureaux, le long de la mer, nous avons vu le mystère du passé et les espoirs de l’avenir prendre les formes du mirage !
Méridionaux, voici l’heure du Midi !
Notre terre nous appelle !
Dressons nous et courons au secours de son droit, car elle est notre mère adorée et bénie. Exaltons nos tridents et nos coeurs !
Pour la Provence et pour le Languedoc, en avant mes amis gardians, mes frères du Midi !
Maudits soient ceux qui renient notre Patrie Méridionale !
Vive notre langue !
Vivent nos courses de taureaux !
Pour nos libertés en avant !

Bernard de Montaut-Manse.