Manade Saliérene - 3
ffcc.info : Cette manade, La Saliérene, date de 1985
Françoise Peytavin : Oui,
ffcc.info : Pour toi, c’est quoi une manade ?
Françoise Peytavin : Moi, déjà j’étais dans une autre manade pendant très longtemps avant, bien entendu.
Quand on s’est séparés avec Daniel, j’étais un peu frustrée par rapport aux taureaux. Les taureaux venaient de sa famille, moi j’ai gardé les chevaux et donc, j’allais monter chez les uns, chez les autres, mais c’était un peu frustrant quand même.
Puis, comme j’avais des terres, j’ai commencé à racheter deux, trois vaches comme cela, parce que j’avais beaucoup de gens qui venaient, qui aimaient bien que je les emmène voir les bêtes, parce que cela correspondait aussi à ce que nous faisions avec les chevaux, il y a tout un environnement ...
En 1984, quand j’ai rencontré André on a souhaité organiser les choses d’une façon plus rationnelle...
ffcc.info : Ce que je voulais dire par manade, c’est la différence entre ce métier passion et ce qui assure le quotidien...
Françoise Peytavin : Ce qui assure le quotidien, il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas les taureaux. On sait comment ça marche, ce qui assure le quotidien c’est pour nous les activités diversifiées : le gîte, la table d’hôtes, les chevaux ...Et même quand on arrive à louer les taureaux correctement...
Et puis, n’oublions pas, parce qu’il faut être honnêtes, les agriculteurs et les éleveurs comme tous des assistés, on ne vit que grâce aux primes.
Le jour où les primes s’arrêtent, l’agriculture française disparaît.
ffcc.info : Il est certain que la situation des manadiers a évolué. Si avant on pouvait vivre sur les locations de taureaux, maintenant c’est impossible. On constate qu’il devient indispensable d’avoir une deuxième activité. On connaît des pharmaciens, des restaurateurs, des agriculteurs, etc...
Françoise Peytavin : Je ne suis pas sure que même avant, les gens ne pouvaient vivre que des taureaux.
Il ne faut pas oublier que les manadiers au départ, étaient tous des gens riches, qui avaient de la propriété, des vignes et qui avaient, en plus, le mas en Camargue sur lequel paissaient des moutons qu’on a enlevé pour les remplacer par des taureaux.
Mais, il n’y a jamais eu de pauvres s’établissant manadiers. Au départ, dans le temps, c’était çà : le mas en Camargue n’était que le plus qu’on avait par rapport à la propriété...
C’est vrai que le Grand Père Thibaud s’est installé manadier en 1930, il a vendu la propriété de vignes à Manduel pour acheter les taureaux et des terres en Camargue. C’étaient des gens, qui à la base avaient un autre revenu.
C’est vrai que pendant une période où il y avait peu de manades, les gens, certainement, pouvaient en vivre : entre les courses, le début des ferrades commerciales... Ils arrivaient à en vivre, mais les charges n’étaient pas les mêmes que celles que l’on a actuellement. Je crois que pour tout le monde il faut un complément.
Il n’y a guère de manadiers qui n’ont pas un complément de revenus personnels.
D’une façon ou d’une autre.
Nous, c’est le tourisme équestre et les gîtes.