Le devenir de la course

ffcc.info : Donc ce n’est pas un problème de sélection ?
Françoise Peytavin : Non, les taureaux qui ont été de grands cocardiers dans le passé ne le seraient pas s’ils sortaient aujourd’hui. 50% des taureaux qui ont été des grands cocardiers avant les années 60 ne seraient pas des grands cocardiers maintenant.

Quelques trophées...

ffcc.info : Généralement on entend plutôt l’inverse. N’importe lequel des « anciens » taureaux serait un très grand cocardier maintenant.
Françoise Peytavin : Non, J’en ai parlé souvent avec les anciens, avec Jacques Espelly... Non !
Avant dans les arènes, le raseteur calculait avant de se lancer au taureau, il calculait où il allait pouvoir sauter, il ne pouvait pas s’accrocher partout. Maintenant plus personne ne calcule. Ils peuvent s’accrocher partout. Les raseteurs ne sont pas les mêmes qu’il y a 50 ans. Ce sont des sportifs, toujours en forme... Avant ils allaient en piste le dimanche pour payer l’ardoise du samedi au café du coin. La condition physique n’était pas la même. C’était des types qui avaient un talent extraordinaire, parce qu’ils n’avaient pas de condition physique.

ffcc.info : Les arènes de Vauvert qui viennent d’être refaites, à l’avantage des taureaux, sont quasiment boycottées.
Françoise Peytavin : Je pense que ça va revenir, c’est plutôt la clientèle des habitués qui boycotte un peu disant qu’il n’y a pas d’ombre... mais on les retrouve aux Saintes, où il n’y a pas plus d’ombre. Cela va retomber dans la norme.

ffcc.info : Dans ce boycott, il y a d’autres choses, certaines arènes ont été remises aux normes, les anciens n’y vont plus parce que ce sont des cages à poules. Exemple Aimargues...
Pour revenir à la sélection, On constate actuellement que les spectateurs demandent de plus en plus de spectacle au détriment de l’authenticité. Les taureaux faciles plus que cocardiers. On a vu par ailleurs, les ganaderos pour ne pas les nommer, qui ont adapté la morphologie et le caractère des taureaux aux demandes du public. Ne retrouve t’on pas la même chose en Camargue ?
Françoise Peytavin : Je pense. Toutes les manades essaient d’avoir des taureaux barricadiers. Après il s’agit de goûts personnels, moi j’aime mieux un taureau qui va prendre sans arrêt des reprises à gauche à droite, qu’un taureau, et j’aime bien un coup de barrière de temps en temps, qui va se jeter comme un fou dans les planches chaque fois qu’il voit bouger un tourneur en contrepiste.

"J’aime le taureau qui ne part pas sur un mauvais raset. "

J’aime le taureau qui ne part pas sur un mauvais raset.

ffcc.info :Est-ce que le spectacle évolue ainsi parce qu’il y a de moins en moins de connaisseurs dans les gradins ?
Françoise Peytavin : Peut être ... La course camarguaise, est moins facile à appréhender au premier degré que la corrida. La corrida suit un déroulement formel. Qui se termine par la mort du taureau.
En course camarguaise, on mesure la proportion de touristes aux cris de bonheur quand le taureau saute en contre piste. Pour eux le bon taureau est là. Il y a tout un travail de pédagogie à faire auprès des populations pour leur expliquer la course camarguaise.

ffcc.info : Pourtant quand on regarde l’état des cornes des grands taureaux, Vovo, Loustic, Goya, Barraie... C’étaient de grands barricadiers
Françoise Peytavin : Tous les grands taureaux n’ont pas été des grands barricadiers. Beaucoup de Laurent ont été de grands barricadiers, mais il y a eu des taureaux très classiques dans d’autres manades qui ont été de grands taureaux, des grand bious d’Or... et qui n’étaient pas que des barricadiers. Barraie par exemple, des Mailhan, comme Rami etc...