La situation personnelle

ffcc.info :une question un peu plus personnelle... Françoise Peytavin est à la tête de la manade Salierène, mais aussi à la tête de l’Association des éleveurs de taureaux de course camarguaise, une association de manadiers. Elle entretient les meilleurs termes avec l’association des manadiers présidée par Henri Laurent. Quelques mots sur cette association.

Françoise Peytavin : L’association des éleveurs de taureaux de course camarguaise s’est montée il y a 18 ans, parce que l’association des manadiers avait verrouillé la possibilité d’entrer dans cette association, qu’unis on a un peu plus d’écoute si on est représentés quelque part. Comme l’association des manadiers ne voulaient pas que des jeunes manades entrent dans l’association, notre association s’est créée pour regrouper ces jeunes manades.
Au fil des années on a un peu affiné les choix, dans la mesure où au départ il s’agissait de gens qui s’étaient montés depuis quelques années, qui étaient bien structurés, qui avaient du pays, qui avaient suffisamment de bêtes...
Au départ les buts poursuivis par chacun étaient différents, certains ne faisaient que des abrivado, d’autres...
Au fur et à mesure, on a donc affiné les choses en disant : « Depuis 5 ans on ne fait entrer à la ETCC que des gens qui ont envie de faire courir des taureaux » . Les abrivadeurs, depuis que le groupement des manadiers d’abrivado s’est créé, se regroupent dans cette association. Nous n’acceptons que des gens qui ont un petit potentiel à faire courir. Pour entrer, il faut déjà qu’ils aient fait des protections...
Comme, au départ à la création de l’association, on pensait qu’on durerait 6 mois, on a dit aux manadiers qui entraient : « On peut tout vous reprocher. On peut vous reprocher de ne pas avoir de bonnes bêtes, normal vous débutez. Ce que l’on ne doit pas pouvoir vous reprocher c’est d’avoir des bêtes en mauvaise santé, maigres, pas soignées, dans des installations qui ne tiennent pas la route. » Il faut que, quand on vient chez nous tout soit nickel-chrome.
Donc on a mis la barre très haut au niveau sanitaire.

"On a mis la barre très haut au niveau sanitaire"

Nous cela fait plus de 10 ans que pour être à la ETCC il faut être obligatoirement en carte verte. J’ai joué un peu les méchantes, mais cela a été très efficace, les gens sont entrés dans le moule. Il n’est pas pour autant exclu qu’il y ait des problèmes, certains en ont eu. Mais ils ont su les solutionner rapidement.

ffcc.info :Vous dites que la création de cette association est liée au refus de l’association des manadiers de vous accepter, mais dans les statuts de cette association il est interdit de vendre des bêtes à des manadiers ne faisant pas partie de l’association...
Françoise Peytavin : Ouiiii. Mais ils en vendent tous les jours. Tout le monde est monté à base de Mailhan, de Laurent, de Guillierme, de Reynaud, de Pastré... Tout le monde.
C’est pour cela que pour revenir en vitesse sur le problème d’Henri, il va certes y avoir les paillettes des étalons, mais en vaches, il peut retrouver de sa race. Tout le monde en a. Alors, le problème est qu’effectivement, quand on vend une vache, on ne vend pas la meilleure. Mais enfin, il y a toujours la possibilité de se dire....

ffcc.info : elles seraient porteuses
Françoise Peytavin : Voilà. Elles seraient porteuses. A faire porteuse, je préfèrerais faire porteuse sur une mauvaise Laurent que sur une domestique. Et quand je dis une mauvaise Laurent, il ne doit pas y en avoir de bien mauvaises, c’est tout de même une race d’exception.

ffcc.info : Certes, il en a vendu, mais crois tu que la solidarité sera telle que ...
Françoise Peytavin : ça je n’en suis pas certaine. Dans ces cas là, ce sont tes meilleurs amis qui te plantent. On ne dira pas de noms. Moi, je n’ai pas de vaches Laurent, mais si j’en avais eu, des vaches de 12 ou 13 ans, j’aurais proposé à Henri d’en reprendre, s’il le voulait, pour faire de l’insémination et repartir.
Mais je suis sure que tous ses bons amis, à qui il en a vendu, à mon avis il n’est pas certain qu’ils lui en cèdent.

ffcc.info :Pourquoi ?
Françoise Peytavin : Parce que, justement ces vaches leur ont permis de monter en puissance, et d’avoir du bon bétail. C’est le cas de Rouquette ou Saint-Gabriel par exemple... et qu’il y a toujours la rivalité et la concurrence.
Certains manadiers doivent dire : « mon pauvre, mon pauvre... » et se frotter les mains.

ffcc.info : Pourtant personne n’est à l’abri
Françoise Peytavin : Personne. Et on est loin d’en avoir terminé avec ce problème là.