Au café du coin on y parlait plus souvent des résultats de la Paillade que de la course du dimanche aux arènes Yves Abric ou celles de Mauguio ou Lunel.
Ceux qui se disaient vrais péroliens, c’est à dire habitant à moins de 500m de la place de la mairie depuis 3 générations, ne se comptaient plus que sur les doigts de la main et faisaient place petit à petit à des néo-ruraux qui amenaient dans leurs valises leur mode de vie, leur accent et leur argent.

Les dernières vaches de Niquet, le petit manadier, n’avaient plus qu’a regarder passer sur la 2 fois 3 voies, les touristes en direction de Carnon La Grande Motte.

Aussi fallait il faire avec.
Les municipalités successives pensaient plus à installer des bacs à fleurs ou des parcs de stationnement qu’a aménager les marais, des « Faïsses », qui s’envasaient.

Certes Daniel Siméon l’organisateur des festivités et quelques derniers afeciouna ont maintenu une certaine forme de tradition le temps de la fêtes. Mais plus personne ne se levait pour le déjeuner au près et la vote ne se résumait qu’à quelques bons apéros pour le plus grand bonheur du cafetier.
La Ficelle d’Argent avait perdu de son éclat, les gradins se vidaient et la Bandido d’après course sur la Grand rue ressemblait plus à un contre la montre qu’à une Bandido. Dans un parcours bien ceinturé, une dizaine de cavaliers passaient 5 ou 6 fois encerclant 1 ou 2 taureaux qu’on avait du mal a apercevoir ; suivis de 3 ou 4 jeunes en version coureurs à pied plutôt qu’attrapaïres.

Peu à peu le village dortoir de Montpellier s’endormait sur ces racines.
Et puis un matin on se réveille, le village est devenu une ville. Quelques inconditionnels passionnés prennent les choses en main, les temps changent mais on n’oublie pas ses racines.

La municipalité se débarrasse de l’organisateur et fait confiance à une équipe de jeunes .

Le Club Taurin Lou Raset (ou Lou Razet) voit de nouveaux membres s’inscrire et l’école taurine, longtemps en sommeil, voit arriver une nouvelle génération d’enfants pas toujours issus du milieu taurin mais avec d’autres origines, des intérêts et des passions différentes. Certains progressent, montent de niveau, ligue, Avenir, parfois As et entraînent avec eux toute une bande d’amis, de copains, de supporters.
Une véritable émulation s’installe à Pérols pour le taureau. Les idoles ne s’appellent plus Jacky, Maurice ou Thierry mais Lonis, Dorian, ou Milan.

Pris dans cet engouement les nouveaux organisateurs placent la Ficelle d’Argent au niveau Avenir pour voir évoluer les enfants du pays ; les arènes se remplissent à nouveau. Le manadier local Michel Robert aidé par de nouveaux bénévoles voit le fruit de plus de 30 ans de travail aboutir avec la confirmation de quelques cocardiers et le plaisir de les faire courir dans les arènes de Pérols.

Conscient de cette effervescence, la mairie décide d’ériger une statue en l’honneur de Mithra sur la route de la mer, histoire d’affirmer avec fierté ses traditions et inviter les automobilistes a faire une halte du coté de la Martégale.

Les arènes de Pérols qui petit à petit s’étaient laissées dépasser par Mauguio, Palavas et même Villeneuve retrouvent peu à peu de leur superbe avec des spectacles ou des soirées alléchantes.
Et le public ne s’y trompe pas ; preuve en est, grosse affluence au 3M pour voir le duo FANFAN/Lopez et Cadenas, pareil pour la finale du Trophée local. Puis arènes archi-combles pour la Nuit des Gardians sans compter une foule immense sur la place de la Mairie pour le bal.
Pérols renait, Pérols rejaillit de ses cendres.
Yves Abric, Marcel Abric et tant d’autres doivent être fiers de leur petit-petits enfants et de ces nouvelles générations d’afeciouna.

Si Pérols n’est pas à proprement parler un vrai village Camarguais il n’en demeure pas moins un pays de traditions Camarguaises.

Alors si par hasard vous descendez dans le Midi, arrêtez vous à Pérols.