Jacques Espelly à Aimargues pour la journée des Traditions Fanfonne Guillierme
2007

"M. Bidault, directeur des haras d’Uzès et M. Dulac, président du Parc National de Camargue, désireux d’approfondir la résistance du cheval Camargue avaient décidé d’effectuer, à cheval, un large circuit.

Ils s’étaient fixé rendez-vous à l’Auberge Cavalière du Pont des Banes, près des Saintes-Maries-de-la-Mer.

Au jour dit, Jacques, monté sur l’Espeloufi [1], de descendance Paquette, manade Baroncelli, se joignit à la troupe, car M. Bidault avait convié plusieurs de ses amis à cette randonnée.

— « Je me trouvais bien petit, au milieu de ces anglos et de ces demi-sang bourrés d’avoine », me confia Jacques, avec une certaine moue.
La troupe s’échelonna, au pas, vers les Saintes-Maries, puis emprunta le bord de mer.
Alors !
Les cavaliers hippiques lancèrent leurs montures au galop, et cela, jusqu’au Phare de la Gacholle, distant d’une bonne dizaine de kilomètres.

— « Mon cheval Espeloufi produisait son maximum pour suivre cette cadence infernale.
Au bout d’un moment, je sentis qu’il faiblissait et je dus, plusieurs fois, appuyer les éperons...
Cependant, je ne me laissais pas distancer et le maintenais dans le peloton...
En chevauchant de concert avec les autres montures, cela l’encourageait, lui permettait de maintenir l’allure...
Je ne voulais, à aucun prix, que ces messieurs puissent me laisser « à la traîne »...
Nous n’avons pas, nous gardians, l’habitude de faire galoper notre monture pour rien... mon cheval ne comprenait, sûrement pas, ce que représentait cette chevauchée farfelue ».

Jacques, excellent cavalier et homme de cheval, avait su conduire sa monture raisonnablement, car il arriva au Phare de la Gacholle dans le groupe de tête.

La randonnée devait se poursuivre par Fiélouse, la Capelière, Notre-dame d’Amour, Méjanes puis retour par le chemin de Cacharel.

— « Dès que nous commençons à traverser les lônes de l’étang de la Dame pour rejoindre Fiélouse, je sens mon cheval se décontracter...
Espeloufi retrouve son élément, son terrain, ses marais, ses enganes, il se reconnait chez lui...
Il reprend son bon pas de cheval de « bouvino » et j’ai le plaisir de voir trottiner mes partenaires autour de moi ».

Le visage de Jacques s’éclaire, un large sourire illumine sa face. Je comprends, qu’intérieurement, il revoit la scène passée ; cela le comble de joie et de fierté.
Mais il reprend :
— « Lorsqu’après plusieurs heures de marche, de trot, de « galopette », nous arrivons à l’Auberge Cavalière, ces messieurs, enthousiasmés par la parfaite tenue de mon petit Camargue (nous venons de faire une bonne soixantaine de kilomètres), me complimentent, avec passion.

Pourtant ! dis-je à M. Bidault, il n’a certainement pas une nourriture aussi abondante que les vôtres...
Et tenez ! si vous voulez vous assurer de son inégalable endurance, je vous propose de recommencer, demain, cette randonnée...

Mon interlocuteur s’écarta et alla discuter avec ses amis...
Il faut croire que ma proposition ne l’avait pas satisfait »."

Voir sur ce site : ESPELLY Jacques *

Soirée Prestiges FFCC 2003

[1