Il naquit vers 1897.
Il mourut en 1910.
Son père fut un taureau de la dynastie des Cailaren , du mas d’Icard de Crau ; sa mère, une vache issue de Papinaud : la Rosine achetée, plus tard, par Folco de Baroncelli.
Il ne fut jamais bistourné et débuta « doublen » à Marsillargues où il fut baptisé "Marsillarguais".

L’année suivante, à Marseille, il devait ne passer qu’une seule fois en « capea » et ne recevoir qu’une paire de banderilles.
Le premier dimanche, il blessa trois toréadors dont le Pouly. Il repassa alors le jeudi en course libre et fut tout aussi acharné, rentrant sa cocarde au toril.
Le deuxième dimanche, il fut inabordable.
Pouly en offrit alors mille francs au marquis de Baroncelli qui refusa, déclarant que ce « ternen » allait être l’honneur de la manade.
Et il le rebaptisa « Prouvènço ».

« Prouvènço » parut à Nîmes, Arles, Lunel, Châteaurenard, dans toutes les arènes languedociennes et provençales.
A Saint-Laurent d’Aigouze, lancé à la poursuite d’un raseteur, le Grand Beaucaire, il arriva à une charrette qu’il souleva avec tout son chargement de spectateurs.
A une course d’Eyragues, en 1908, où il sortait quatrième, il porta la moitié des primes annoncées, soit cent francs ; le troisième, « lou Sangar », n’en portant que vingt-cinq.

Il avait la spécialité de couper le terrain et d’arriver à la barricade avant le raseteur ; sa corne gauche était sa corne maîtresse.

Mais autant il était terrible en course, autant il était calme en pays, n’attaquant jamais le premier, sauf si un autre taureau lui disputait une vache. Il était le roi de la manade.
A Aimargues il se brisa le sommet de la hanche. Alors, le voyant amoindri, quatre autres taureaux lui cherchèrent noise : « Laïetoun » et « Coundoulié » et ses propres fils, « lou Sangar » et « lou Bandit ».
Un jour, alors qu’il luttait avec « Sangar » pour la possession d’une génisse, « Laïetoun » à qui il venait d’infliger une blessure à une patte et « le Bandit » foncèrent sur lui. Le premier, le Bandit, lui perça la cuisse tandis que « Laïetoun », d’un coup de corne, lui déchirait le flanc gauche. « Prouvènço » poussa un effroyable mugissement et, le ventre ouvert, les entrailles pendantes, il roula au pied de la montille. Tous les mâles à la fois se précipitèrent sur lui et au milieu d’un infernal vacarme, grisés par le carnage, ils plongèrent leurs cornes dans la chair et se vautrèrent dans son sang.

« Prouvènço » venait de mourir dans un combat d’amour » (J. de Flandreysy).
Telle fut la fin de « Prouvènço ». C’était en 1910.