11/ Dessèchement :

Le dessèchement de toute l’ile, non-seulement donnerait le moyen d’exploiter, comme on l’entendrait, la portion de sa surface qu’on aurait endiguée, mais comme il l’assainirait et permettrait de la coloniser, ce qui serait d’autant plus facile et avantageux, que, même en conservant le mauvais système actuel de nos canaux d’arrosage, la moitié de sa surface serait susceptible d’irrigation permanente. Personne n’ignore avec quelle facilité les colonies s’établissent et prospèrent sur les terrains arrosés.
Bientôt de nouveaux procédés pour l’amélioration du sol, dont on n’a même pas l’idée en ce moment, seraient découverts ou du moins appliqués à cette localité. Dans le paragraphe suivant, je vais donner quelques détails sur une expérience qu’on pourrait tenter, je crois, avec de grandes chances de succès.

12/ Le drainage
On s’occupe beaucoup, en ce moment, de propager le drainage en France, déjà l’agriculture anglaise y a trouvé une source de profit très considérables ; des localités où l’hectare ne s’affermait que 15 à 20 francs, ont vu, par ce moyen, porter cette valeur locative à 100 et 150 Francs.
J’ai adressé au ministère de l’agriculture un mémoire motivé à l’appui d’une demande déjà faite par la commission d’agriculture du Gard, pour obtenir l’envoie gratuit dans ces localités, d’une machine à fabriquer les tuyaux de drainage. Il m’a fait espérer qu’il ferait droit à, ma demande quand il aurait des fonds disponibles
Pour cela, il est à désirer que ce soit pour bientôt. Nulle part cette pratique ne me parait mieux applicable qu’ici. Il me tarde qu’on en fasse l’épreuve. Je ne serais pas des derniers à la tenter. Voici comment on pourrait procéder.
Nos pâturages bas et nos terrains salants seraient divisés, par des fossés, en clos de trois ou quatre hectares. Ensuite, de quatre en quatre mètres, des lignes de tuyaux de drainage parallèles, aboutissant à leurs extrémités aux fossés, seraient placés à une profondeur de quarante ou cinquante centimètres.
Lors des pluies d’automne, l’eau, retenue par les berges des roubines, s’infiltrerait dans le sol et s’écoulerait goutte à goutte dans ces mêmes fossés, par les tuyaux de drainage. Il en résulterait, au bout d’un certain temps, une sorte de lessive de la couche du sol superposée aux drains qui débarrasserait cette couche de l’excès de sel qui la rend stérile.
Ce lessivage serait bien plus prompt encore lorsqu’on pourrait submerger souvent la surface, avec de l’eau du Rhône.
Un autre avantage que procurerait le drainage, dans ces localités, ce serait de donner le moyen d’arroser économiquement, par les racines, ces mêmes clos, tout simplement en remplissant les fossés d’eau du Rhône, chose toujours facile, puisque je les ai supposés dans les parties les plus basses de Camargue.