15/ Les améliorations :
Les grandes et indispensables améliorations faites récemment à la saline de Badon, me font renoncer à l’opinion que j’avais émise dans le mémoire, en forme de rapport à la commission consultative du 14 novembre dernier, de provoquer l’expropriation pour cause d’utilité publique de cette propriété ; mais je persiste à penser qu’il convient de soumettre au système général dessèchements et fertilisation, les deux tiers au moins des quatorze cents hectares que Messieurs les ingénieurs consentaient à abandonner à la stérilité en dedans de la digue projetée, pour le service des deux salines de la Camargue. On alimenterait facilement les tables de cristallisation de ces salines, avec de l’eau salée prise dans les étangs situés hors de la digue, en élevant cette eau au moyen des machines d’épuisement projetées, qui seraient placées convenablement pour cela.

16/ L’assainissement :
L’assainissement et la fertilisation du delta ne seront réalisés, d’une manière absolue, on ne peut se le dissimuler, que lorsque le dessèchement sera complet, ce qu’on ne peut faire dans cette localité qu’à l’aide des machines d’épuisement.
Du moment qu’on entre dans cette voie, il me parait convenable et juste qu’on admette au bénéfice de l’opération, toute la portion de l’ile qui sera endiguée, sans excepter, comme on le fait dans le projet, le quartier désigné sous le nom de l’ile du Plan du Bourg, il me parait important, sous un autre point de vue, que ces machines soient placées dans des localités où, elles puissent être employées à élever l’eau pour l’irrigation en été, après avoir servi au dessèchement en hiver. De cette manière, le capital qu’elles représentent ne resterait jamais improductif.
En conséquence, je proposerais, comme les ingénieurs, de placer une de ces machines dans le voisinage des saintes Maries de la Mer, pour évacuer en hiver les eaux de la partie occidentale de la grande Camargue et celles qu’on soutirerait de la cuvette du Vaccarès, récipient provisoire de l’île. Ces eaux arriveraient, sur ce point, par des canaux disposés de manière à servir de voie de communication avec les Saintes et les communes environnantes.
Vers ce même point, aboutirait, tôt ou tard, un autre canal dérivé du fleuve, dont les eaux élevées, par la machine fourniraient aux besoins es habitants de cette ville et arroserait son territoire.
Une seconde machine serait, à mon avis, convenablement placée au point de jonction de la digue projetée avec le lévadon des Salins. Elle concourait, en hiver, avec la précédente, à l’évacuation de la cuvette du Vaccarès et les étangs contigus, elle pourrait être appliquée, en été, quand on y aurait fait aboutir l’eau du Rhône, à l’irrigation des territoires du Pèbre, d’Amphise, des Enfores du Petit Badon.
Un jour de la semaine pourrait être consacré à soutirer, par cette machine, des étangs salés laissés en dehors de la digue, l’eau nécessaire à l’alimentation des deux salines, et d’autres établissements semblables, s’il en était créé. Il en résulterait, pour eux, une grande économie de force et la possibilité de rendre à la végétation un millier d’hectares que l’eau salée continuerait à stériliser, si le projet des ingénieurs n’était pas modifier, à cet égard.
Enfin, une troisième machine serait placée à la Poutrague de Tour Vieille pour soutirer, en hiver, et jeter dans le vieux Rhône, les écoulages des domaines de l’ile du Plan du Bourg qui y seraient amenés par le canal du Japon et par un nouvel émissaire qu’on y ferait aboutir directement de l’étang de Giraud, à travers Faraman. Cette dernière machine servirait, en été, à élever l’eau du Rhône, nécessaire à l’irrigation des parties hautes de ce quartier.