13/ Perspective des travaux :
Voilà bien des travaux en perspective. Nous en plaindrions-nous ? Je crois que nous aurions tort.
Plus heureuse, sous ce rapport, qu’aucune autre partie de la France, la commune d’Arles est en mesure, comme il résulte de ce qui précède, de résoudre d’une manière complètement satisfaisante le grand problème social dont sont justement préoccupé, en ce moment, les économistes.
Donner à la classe laborieuse beaucoup de travail convenablement rémunéré, sans grever le trésor public, sans porter atteinte à la propriété, en ajoutant au contraire aux ressources actuelles du trésor et de la propriété, s’il le peut.
En effet, si l’administration adopte les idées que je viens d’exposer ou d’autres équivalentes, la Camargue se couvrira de chantiers auxquels ne suffiront pas les ouvriers de la commune d’Arles et des communes environnantes ; il faudra, pour exécuter avec rapidité, comme il convient, les grandes opérations d’ensemble, en appeler du dehors.
Quand celles-ci seront achevées, les travaux particuliers commenceront, et chaque propriétaire sera forcé, pour mettre à profit les sources de bénéfices qu’on lui aura procurées, d’ouvrir chez lui des ateliers plus ou moins importants, suivant ces ressources, la nature et l’étendue de ses propriétés
Il le fera avec d’autant lus d’empressement, qu’il rentrera bientôt dans ses déboursés. Ce bénéfice, si vite réalisé, sera employé à de nouveaux perfectionnements qui, reproduisant, de même, le capital employé, provoqueront, de sa part, de nouveaux travaux d’amélioration.
Viendront ensuite et rapidement, les cultures sarclées, binées, arrosées et les cultures industrielles qui assureront a la population ouvrière de l’ouvrage, non seulement en été, mais toute l’année.
Les mortes saisons, qui ruinent et démoralisent les classes laborieuses auront disparu, en même temps que les fièvres qui les épuisent et les tuent. L’aisance rendra le propriétaire généreux, et l’ouvrier, sain de corps, l’esprit tranquille sur son existence et celle de sa famille, trouvant des protecteurs, des soutiens dans les détenteurs du capital agricole, cessera d’être mécontent, inquiet, indiscipliné, ne verra plus dans ceux qui l’emploient des ennemis, comme il est disposé, en ce moment, par la misère, le chaumage et les mauvaises excitations. Le bien être général ramènera, entre nous, la bonne harmonie, la véritable fraternité.

14/ Travaux des ingénieurs :
J’ai à m’expliquer, maintenant, sur les travaux proposés par messieurs les ingénieurs.
Je ne m’occuperais pas pour le moment, de leur système d’irrigation. Il ne peut être définitivement arrêté, je crois, qu’après qu’on aura fixé sur les bases du système d’endiguement et de dessèchement qui doit prévaloir.
Quand aux digues du Rhône et aux canaux d’écoulement proposés, je crois devoir en laisser l’examen à de plus compétents. Je ne connais pas assez les localités et je n’ai pas assez étudié les questions qui s’y rattachent, pour me croire capable d’en parler pertinemment.
Je ne me bornerai seulement à exprimer le désir que les canaux de vidange, comme ceux qu’on fera plus tard pour l’irrigation, soient disposés de manière à servir à la petite navigation, tandis que les berges serviront de voix de communication par terre, ainsi que les digues.
Quoique je ne me fasse pas d’illusion sur mon insuffisance, je vais faire connaitre, à présent, le résultat de mes dernières réflexions sur le projet d’endiguement de la mer et sur l’application des machines à l’épuisement des eaux qui ne peuvent être évacuées par pente naturelle.