OBSERVATIONS

Il est constant qu’on est dans le cas de détruire les obstacles dont j’ai parlé ci-dessus, que lorsque après une grande crue d’eau le Rhône baisse et se remet a sa hauteur ordinaire.
Pour lors ses eaux ayant été extrêmement bourbeuses par la grande quantité de sable et de vase qui sont tombés des montagnes pendant les pluies abondantes, déposent leur limon dans la partie où ce fleuve a le moins de rapidité , mais il en aura toujours suffisamment pour faire tourner la machine dont j’ai inventé la construction, surtout lorsqu’elle sera mise en mouvement par les leviers qui sont adaptés au milieu de l’essieu, néanmoins on aura l’attention de placer la machine dans l’endroit où il y aura plus de courant, pour préparer plutôt le passage des barques.

Il est a remarquer que, par des expériences réitérées, on est assuré que ce fleuve n’a , que quatre à cinq pieds de pente, depuis Arles jusqu’à la mer, ce qui ne donne que 7 à 8 pouces de pente par lieu, cependant, dès que les eaux s’élèvent après les grandes pluies ou par la fonte des neiges, la rapidité augmente, les obstacles ne s’aperçoivent plus, et même ils se détruisent naturellement.

Il est certain qu’alors la machine deviendra inutile. Il ne faut pourtant pas la perdre de vue, elle deviendra tôt ou tard nécessaire lorsque le Rhône aura repris son cours et sa lenteur ordinaire, il faudra la placer, dans cet intervalle, sous le pont à bateau qui est devant la ville, où elle sera à l’abri des pluies et du soleil.
On en confiera la garde aux commis du pont, et on la fera repartir dès que les commerçants et les navigateurs se plaindront des nouveaux obstacles survenus sur le cours du Rhône, et qu’ils auront été instruits par les sondes de la quantité ou de la qualité de ces nouveaux obstacles et du local où ils seront déposés. Ils feront descendre la machine à l’endroit qu’ils auront désigné, les matelots de barques de mer qui seront chargées dans le port et qui seront retardées dans leur navigation par les obstacles qui je viens de parler, pourront eux même descendre la machine sur le local et la faire travailler de manière à se frayer dans peu d’eau un passage qui puisse accélérer leur voyage, et les barques qui reviendrons de la mer la remonteront pour la placer encore sous le pont , on y laissera cependant un gardien.
Par ce moyen, il y aura peu de dépense pour remplir un objet auquel ils ont tant d’intérêt, ils devront y travailler avec activité, plutôt que de rester dans le port sans rien faire.

D’ailleurs cette machine, telle quelle est, ne paroit (2)pas si compliquée, elle ne peut pas être bien coûteuse, le risque d’un essai sera bien peu de chose.
Le corps des des propriétaires des barques qui font le cabotage, pourra faire à ses dépens et à peu de frais l’essai de la construction de cette machine, de la manière que je l’indique.
Les constructeurs qui en auront l’entreprise pourront y ajouter toute la perfection et la précision que la localité exigera, beaucoup mieux qu’on ne peut le faire dans un petit modèle, tel que j’en fais la description. Il est à remarquer encore que cette « penelle »(4) n’ayant environ que quatre pieds de hauteur au milieu de ses bords extérieurs extérieurs, il faudra s’arranger de manière que son poids ne lui fasse prendre que deux pieds d’eau, en la chargeant plus ou moins par le poids de la machine ou par quelques lest extraordinaire, afin que les râteaux, qui doivent descendre plus ou moins jusqu’à quatre pieds au dessous du plafond du bateau, puissent travailler utilement sur les bancs de sable.

La machine restera élevée sur ses crics, jusque au moment où il faudra la faire travailler, les « aubes » étant au dessus de la superficie de l’eau jusqu’à ce que la barque soit placée au dessus des obstacles désignés par les signaux. On fera jouer les crics afin de faire descendre les râteaux de manière à pouvoir les faire travailler utilement.