Les obstacles a la navigation (2/5)
Avec le développement d’une machine pour détruire les obstacles. Élaborée par Denoble Lalauzière
Mémoire :
Sur les moyens de vaincre les obstacles qui se forment journellement contre la navigation à l’intérieur de toutes les rivières et fleuves des départements de l’empire français, principalement dans l’intérieur du Rhône, en dessous de la ville d’Arles.
Développement de la machine
1/ Il faut se servir d’un de ces bateaux plats qui descendent les marchandises sur le Rhône, qu’on nomme « penelle », qu’il ait au moins une toise (5)de largeur dans l’oeuvre, avec un pont aux deux extrémités, pour y placer les matelots à couvert du mauvais temps et faciliter les manoeuvres.
Ces bateaux doivent avoir au moins trois pieds de hauteur dans leur bord intérieur, et quatre sur leur bord extérieur.
2/ Il faut établir en dedans des deux cotés, deux coulisses qui surpasserons de 3 pieds (6) les bords du bâteau
3/ On placera dans ces coulisses, une pièce de bois de trois à quatre pieds de hauteur d’un pied de largeur, et de 3 pouces (7) d’épaisseur de manière quelle puisse s’élever et se baisser par des crics engrainés dans cette pièce de bois.
4/ On se procurera une grosse pièce de bois rond de la meilleure qualité, telle qu’on l’emploie pour l’arbre d’un moulin à vent, d’environ dix-huit pieds de long et de dix huit pouces de diamètre.
Ce bois servira d’essieu à la machine, et sera placé en travers sur le milieu du bateau et dans le montant des coulisses. On y fera une entaille en forme de tourillon, qui réduira dans cette partie le diamètre à neuf à dix pouces, afin d’en-chasser cet essieu dans le milieu des coulisses, et l’engrainer de manière qu’il puisse tourner facilement sur les deux pièces de bois qui doivent monter ou descendre par ces coulisses.
5/Sur cet essieu, dans la partie qui débordera le bateau des deux côtés, on y placera des aubes d’un bois mince, au nombre de huit de chaque côté, en forme d’ailes de moulin ou rame à voguer d’environ trois pieds de largeur a leur extrémité.
6/ On placera aux deux bouts de cet essieu, huit leviers de fer ou de bon bois, armés chacun d’un râteau de fer de deux pieds de largeur, pourtant douze dents de six pouces de long, courbées et coudées à angle obtus.
Le nombre de ces râteaux pourra se diminuer et même se réduire à quatre, suivant la force du courant de l’eau.
7/ On placera au milieu de cet essieu deux leviers distants de deux pieds l’un de l’autre, pour que les hommes puissent mettre la machine en mouvement, la déplacer de son axe, ou bien en arrêter le mouvement quand on aura plus besoin de la faire travailler, ou même de faire travailler la machine dans le cas où le courant de l’eau ne soit pas suffisant pour la faire agir.
8/ Cet essieux ainsi armé de ses aubes et de ses leviers portant des râteaux, sera placé en travers du bateau, sur les deux pièces de bois qui, comme je l’ai annoncé, pourront se lever et le baisser par les moyens des deux crics, pour faire rehausser ou baisser la machine plus ou moins, suivant la l’élévation ou la profondeur des obstacles, ou enfin pour la tenir hors de l’eau, lorsqu’on aura pas besoin de s’en servir.
9/ Il y aura dans ce bateau, un banc pour y placer des rameurs et y diriger sa marche, ainsi qu’un gouvernail pour changer sa direction, il y aura de plus un petit mât, pour y placer une petite voile latine.
Il aura encore deux ancres, qu’on placera au dessus du courant du fleuve, à une certaine distance, sur lesquelles on amarrera le bateau, pour l’empêcher de descendre ou d’être entrainé par le courant de l’eau.
On se tirera sur ces ancres, lorsqu’on voudra lutter contre ce courant ou, remonter le bateau pour lui faire parcourir les différents obstacles qu’on voudra aplanir. Il faudra commencer par la partie la plus inférieure, et on continuera d’opérer en faisant remonter peu à peu la machine.
Il faut remarquer que, pour faire cette opération sur les ancres il faut placer sur l’avant du bateau , un cabestan horizontal, autour duquel les cordes des ancres s’entortilleront.
On ira préalablement faire des sondes sur le local, et y placer des signaux , toujours en commençant par la partie la plus inférieure, enfin par ces sondes on connoîtra (2) la profondeur, l’élévation et la nature de ces obstacles, pour diriger les opération de cette machine.
En formant des sillons parallèles à coté l’un de l’autre, par le moyen des râteaux qui, en creusant, détruiront tous ces obstacles, et les confondront avec le courant des eaux.