Pénétré de la situation et des difficultés qu’on rencontrerait toujours à grouper dans un système unique les intérêts si divers, les ressources si inégales et les conditions si variées des propriétaires de Camargue, M.Duponchel proposait des solutions partielles, morcelées, pour améliorer au moins sans retard les propriétés riveraines du Rhône.

Prenant les eaux du Rhône,
1/ les écoulait comme celles du zénith dans le Valcarès, et préconisait l’emploie de machines par grandes propriétés isolées ou par petits syndicats de propriétaires d’une même zone, organisés, comme pour les roubines.

Mr Duponchel s’était livré a des études spéciales sur la création d’un sol fertile à l’aide des alluvions, que pouvait faire rouler les torrents et les rivières. Il était point partisan du colmatage pour la Camargue. Les 21millions de mètres cubes d’alluvions que le Rhône transporte annuellement à la mer pourraient bien chaque année aussi exhausser le sol de la Camargue de 0,02 mètre, mais, à son avis il faudrait pour cela de longs et immenses canaux à faible pente, et le premier résultat à craindre serait certainement l’envasement
de ces canaux eux mêmes. Les colmatages ne peuvent, en effet, se produire qu’aux extrémités des pentes, alors seulement que celles-ci sont suffisantes pour que les eaux roulées entraînent avec elles et jusque dans la plaine les détritus de toute nature.
Estimés à former les couches alluvionnaires.

Les vitesses moindres engendrent, en effet, des dépôts, qui se propagent de proche en proche et finissent par obstruer complètement les canaux , a moins qu’on y oppose des curages et faucardements presque constant, laborieux et donnant un accroissement considérable aux dépenses de l’entreprise.
Dans ce travail, la question de dessalement est aussi traitée peut-être mieux qu’elle ne l’avait été jusque-là, et les difficultés quelle soulève sont parfaitement mises en lumière, nous aurons l’occasion d’y revenir.

Le projet dont nous venons de donner une rapide esquisse empruntait une importance considérable à la notoriété de son auteur, dont l’opinion méritait d’être prise en bien sérieuse considération.
Et le même ingénieur ayant eu à sa disposition les ressources financières de l’état pour faire en Gascogne, et dans les marais de Vic, près Montpellier, des essais sérieux de mise en culture, et ayant mis en oeuvre les moyens les plus puissants, manifestait comme nous l’avons dit, qu’à ses yeux une amélioration quelconque en Camargue ne pourrait réussir qu’à la condition d’être morcelée

" tant qu’un résultat de ce genre n’aura pas été obtenu, dit-il, tant qu’il n’existera pas sur les bras du Rhône une ou plusieurs exploitation modèles, donnant le spécimen de ce qu’on pourrait entreprendre avec la certitude du succès, il y aura folie, croyons-nous, à vouloir établir à grands frais des canaux d’irrigation ou des machines hydrauliques d’épuisement , loin de voies véritablement navigables, ce n’est pas un travail d’ensemble mais une exploitation restreinte que nous voudrions voir essayer en Camargue.

Et, de fait, comme nous faisions remarquer tout a l’heure, c’est la solution qui, présentée par les ingénieurs à la suite des résistances de propriétaires à des projets généraux, a été acceptée par eux, sanctionnée par le décret de 1886, et mise, enfin, en pratique d’une manière réelle et vraiment satisfaisante.

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