" Nous ferons d’abord remarquer au revistero de "L’Homme de bronze", que les collaborateurs dont il parle n’ont pas pris position.
Ils se sont contentés de relater un fait et cela n’est pas l’approuver.

Lorsqu’un journaliste d’information raconte dans son organe qu’un enfant vient d’assassiner sa mère, rien n’indique qu’il approuve le criminel. Nos collaborateurs d’Arles et de Bouillargues mis en cause par Bonito ne disent pas du tout qu’il vaut mieux payer ou ne pas payer les raseteurs. Ils relatent simplement pour leurs lecteurs ce qui s’est passé en Arles et à Bouillargues les dimanches et lundi de Pentecôte (1928, NdR).
Et leur conclusion était, si je me rappelle bien, à Bouillargues, raseteurs pas payés, on s’ennuie ; en Arles trois raseteurs payés, on s’ennuie au moins autant.
Reste donc la troisième version, toujours d’après Bonito, qui est signataire de ces lignes.
Nous avons écrit, en effet, que la direction de Lunel avait engagé Félix et Toussaint pour raseter le Clairon de Granon, mais à aucun moment nous n’avons laissé supposer que nous approuvions ce geste. Et d’ailleurs, le mal ne vient pas d’aujourd’hui. La vérité, c’est que les impresarios sont en ce moment empoisonnés par les raseteurs qui se montrent de plus en plus exigeants.

Il y a quatre ans (1924 !, NdR), alors que Bonito ne songeait pas à cela, nous avons écrit ici-même :
«  Ceux qui paient les raseteurs avant la course portent un tort considérable à la course provençale et tuent les raseteurs en herbe  »

Nous n’avons pas changé d’avis ; dans le dernier numéro du Toril, celui du 23 juin 1928, nous disions une fois de plus :
«  les raseteurs salariés voilà la cause de la plus part des maux dont souffre la course libre  »

Cela parait clair ou il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas comprendre ce que nous pensons ; des gens qui offrent 500, 1.000 ou 1.500 francs à un raseteur quel qu’il soit , à la seule fin de pouvoir mettre son nom à l’affiche.

Voilà, Bonito, l’opinion du Toril à ce sujet.
Les raseteurs ne doivent pas, contrairement aux matadors qui ont un travail bien défini, être payés d’avance, que chacun d’eux soient payé suivant son mérite, suivant sa bonne volonté et son courage .
En mettant aux cocardes les primes qu’on y met actuellement, c’est bien suffisant et ces messieurs du crochet, n’ont qu’à en mettre un coup, s’ils veulent gagner de beaux billets bleus.

Si tous les imprésarios agissent ainsi, dans moins de trois mois, on en aura fini avec ceux qui croient être les as du moment ; et comprenant qu’il n’y a pour eux qu’une solution, les meilleurs feront comme ils faisaient il y a quatre ou cinq ans.

Et vous verrez alors que les courses libres seront moins fastidieuses ; vous verrez raseter des cocardiers qui, aujourd’hui, d’après les as eux-mêmes sont inabordables.

Mais les imprésarios et leurs conseillers voudront-ils cela ?"

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