Ensuite, par le moyen des rames et du gouvernail, on changera insensiblement sa direction, ou on la remontera pour passer successivement sur tous les obstacles, en la tirant sur ses ancres par le moyen du cabestan, et ce sera pour lors quelle fera le plus d’effet sur les bancs de sables.
Il faudra s’appliquer à ne faire d’abord que décrouter la surface de ces obstacles, pour n’en délayer qu’une couche après l’autre sans faire de sillons trop profond a la fois.
Il faudra mieux y revenir à plusieurs reprises, pour mieux les délayer et leur procurer un moyen infaillible pour être entraînés dans la partie inférieure qui aura assez de profondeur pour les recevoir sans y former de nouveaux dépôts.

L’expérience que j’ai citée ci-dessus, au sujet des obstacles que j’ai détruit avec des grappes ou râteaux menés à main d’homme, opération qui a fait passer librement des bateaux chargés de sel, cette expérience, dis-je, m’assure, sans prévention, du succès de la machine que j’ai inventé, dont je ne puis présenter qu’un petit modèle.

Quelques personnes instruites et savantes en mécanique, auroient (2) désiré que, pour mieux démontrer les avantages et le succès de l’exécution de ma machine, j’eusse combiné la résistance avec la puissance, pour savoir si le dernier l’emporteroit (2) sur le premier.
Je leur répondrai que pour assurer le succès de l’opération que j’indique, cette combinaison est impossible à faire (8), et quelle étoit (2) inutile.
J’ai avancé que, dans cette partie du fleuve, les eaux n’avoient que peu de pente et peu de rapidité, que les obstacles a détruire n’étoient (2)que des sables mouvants ou de la vase, qu’il n’y avoit(2) point de pierre, pas même du gravier, ainsi la résistance ne peut être que modique et inférieure à la rapidité des eaux qui doivent faire tourner la machine, en faisant entrer les aubes dans l’eau successivement.

Si l’on devoit (2) placer cette machine dans un canal fait à main d’homme, resserré par des digues à égale distance, dont le volume d’eau, ainsi que la pente pussent être mesuré, alors on pourroit (2) combiner exactement la force par la résistance, et dire quelle est trois et à deux, ou comme quatre et a trois.
Or dans le cas présent, la résistance et conjecturale, mais elle est connue pour pouvoir être facilement détruite par sa qualité amovible. Quand à la force, elle dépend du courant de l’eau , qui peut être plus ou moins fort suivant le local ou la machine sera placée ; d’ailleurs on pourra suppléer au manque de la force de l’eau, par les leviers qui sont placés au milieu de l’essieu, qu’on peut allonger plus ou moins en proportion de la résistance, et lorsque les hommes auront par ce moyen mis la machine en mouvement, la résistance s’ébranlera et le courant de l’eau fera le reste.

On craint que, dans cette résistance, il ne s’y trouve des branches d’arbres ou quelques racines.
Cela est rare, mais dans ce cas, les sondes qu’on doit employer avant de placer la machine, feront apercevoir ces obstacles, et on pourra facilement les éviter, en se plaçant plus à droite ou à gauche, suivant que cet accident l’exigera, par ce moyen, on remplira également l’objet qu’on s’est proposé dans l’invention de cette machine, qui, comme toutes les autres, a besoin d’être conduite avec prudence et précaution.
Il suffit quelle paroisse ingénieuse, peu coûteuse et facile dans sa construction, pour qu’on ne néglige pas de la faire exécuter, et procurer le plutôt possible au commerce et à la navigation tous les avantages qu’on peut attendre de cette invention

Je ne doute pas que lorsque le succès en sera connu, on ne puisse l’employer utilement sur la Garonne ou la Loire, où j’ai éprouvé de grands obstacles dans la navigation, lorsque j’ai voyagé sur ces deux fleuves.
Quel bonheur !
Quelle satisfaction pour moi !
Si, après avoir fait l’avantage des commerçants et des navigateurs de mon pays, je pouvois (2) procurer quelques bien dans quel qu’autre département et faire le bien général du commerce et de l’état, auquel je fais gloire de consacrer tous mes loisirs et mes faibles talents, sans amour propre, ni aucune vue d’intérêt personnel.

Dulcis amor patria.