1/ Les jeux de valets et bergerots [1] agiles

Comment sont nés les courses des taureaux de Camargue et comment elles se sont si bien ancrées dans la mémoire du terroir ?

Pourquoi la Bouvine fait-elle battre bien des cœurs et suscite-t-elle d’aussi vives passions ?

En remontant aux sources, Carbonnier nous montre que cette tradition est peut-être le plus fort de tous les liens unissant tous les amoureux de la Camargue parce qu’elle émane du peuple.

L’origine de la course du taureau de Camargue est difficile à préciser.
Si les documents sont relativement nombreux au 19e siècle, ils deviennent plus rares au 18e, et pratiquement inexistant au 16e et 17e siècle.
Pourtant, «  la présence des bovins de race brune dans la région de la Camargue » , a été relevée depuis la plus haute antiquité, ces animaux vivaient dans une semi-liberté, et permettaient aux populations de ces régions de se pourvoir en viande 1

Ces taureaux étaient considérés comme du gibier au même titre que les autres animaux sauvages.
Sans entrer dans les débats académiques2 sur sa famille d’origine, il semble admis que le taureau de Camargue à la race du bœuf sauvage primitif, le « bos primigenius » qui se serait adapté morphologiquement au milieu : le milieu marécageux de la Camargue, où la civilisation grandissante refoulait cet animal, a pu entraîner la diminution du format par l’influence d’une nourriture pauvre sur la taille du taureau. 3

Vraisemblablement à la fin du moyen âge, l’on réussit à capturer certains taureaux afin de les utiliser aux labours, pour les relâcher ensuite, ou encore les garder à l’état demi-sauvage, autour ses terres après les avoir marqués.

Il y eut des manades au moyen âge ?
Quiqueran de Beraujeu nous donnent à ce sujet des précisions intéressantes, il nous renseignent sur les droits de dépaissance, ils nous renseignent à l’époque, il racontent une ferrade dans les plaines de Meyran, il nous parlent longuement des gardians en 15514.

[1bergerot, bergerote : petit berger