1- ce que c’est :

La corne est un ensemble de tissus bien différents :

  • un support osseux (« processus cornual de l’os frontal »),
  • une membrane kératogène (qui élabore la kératine) très vascularisée
    et
  • l’étui corné, élaboré par la membrane kératogène.

Au pâturage et en piste évidemment, seul l’étui corné est visible.
Seuls le support osseux et la membrane kératogène sont vascularisés, ce qui signifie qu’une corne ou une pointe qui saigne est révélatrice d’une atteinte profonde (fracture de la corne, etc…).

2- la croissance :

La croissance de la corne se fait de l’extrémité de la corne vers la base, et l’accroissement en épaisseur se fait de façon centripète. L’étui corné est en définitive un empilement de cornets emboîtés sur le « moule » que constitue le processus cornual. Le support osseux donnant sa forme à la corne, il est donc illusoire (alors qu’il s’agit d’une pratique répandue) de penser que la forme des cornes (ou cornage ou cornement) sera modifiée après épointage à l’âge de deux ans.

A la naissance, seul un bourgeon de corne est perceptible au toucher. Le premier étui corné est bien visible vers deux mois d’âge.

Pendant la première année de vie, l’étui corné est irrégulier, puis il s’exfolie pour laisser apparaître une corne dure et brillante.
Dans les deux premières années de vie, la corne s’oriente latéralement puis vers l’avant en restant dans un même plan. Au-delà, la forme de la corne devient plus complexe, les pointes poussant en dehors de ce plan. On ne peut donc avoir une idée « définitive » de la forme des cornes qu’après 36 mois d’âge.

La corne pousse durant toute la vie de l’animal, à des vitesses variables, pour les âges auxquels les animaux sortent dans l’arène :

  • 1,2 à 1,5 cm/mois jusqu’à trois ans,
  • 1 cm par mois de 3 à 4 ans,
  • 0,7 à 0,8 cm par mois entre 4 et 6 ans.
    Ceci explique qu’une lésion naturelle, ou artificielle, des pointes disparaisse avec le temps.

3- L’influence de la génétique :

Le premier facteur de variation de la forme de la corne est d’ordre génétique : les éleveurs le savent bien qui évitent (ou devraient éviter) de maintenir des lignées trop longtemps avec des reproducteurs tous brochos ou cornicortos (ou à l’inverse, on peut sélectionner des animaux de grande envergure.

La consanguinité n’est pas en soi un problème, mais elle fixera ces caractéristiques (« positives » ou « négatives ») plus rapidement.

4- L’influence de l’alimentation :

Le second facteur, qui s’intéresse plus à la qualité de la corne produite qu’à sa forme, est nutritionnel. Les cornes des bovins supportent bien les alimentations pauvres (voir le développement des cornes des watusis et zébus par exemple), mais la corne produite lors d’alimentation trop riche (celle qui « prépare » le taureau retenu quelque temps avant la course) ou lors d’alternance de phases de suralimentation et de dénutrition (maladies, parasitisme, carences…) n’est pas une corne normale :

  • la kératine produite est de mauvaise qualité (friable), et la pointe des cornes sera fragile,
  • l’acidose clinique ou subclinique due à une alimentation trop riche en sucres solubles et en protéines est susceptible de provoquer une inflammation de la membrane kératogène, avec du prurit (poussant les animaux à se frotter les cornes, donc à léser eux-mêmes les pointes, ce sont les fameux « desgastes naturales »).

5- Conclusion :

En définitive, la forme des cornes est en majeure partie conditionnée par le patrimoine génétique du taureau.
La qualité de la corne produite peut être défavorablement influencée par l’alimentation ou le passé pathologique des reproducteurs.