Les années 1860 voient fleurir ce type d’arrêter, fort semblable dans leurs articles.
La plupart insistent sur l’interdiction de frapper les taureaux avec des bâtons.
Il est parfois fixé avec une précision rigoureuse, les limites d’âge en dehors desquelles on ne peut rentrer en piste pour s’amuser avec le taureau ( 18 ans au moins, 40 ans au plus)
On y insiste sur l’obligation d’obtenir l’autorisation du maire pour rentrer dans l’arène.
Le nombre de « tauréadors » est assez souvent fixé et varie de 6 à 25 et plus. Ou encore ne peuvent entrer en piste que les tauréadors jugés « capables »

Ces arrêtés étaient-ils appliqués à la lettre ?

Certainement pas.
On voit mal comment quelques officiers municipaux ou gardes champêtres pouvaient faire appliquer des mesures aussi strictes lorsque le nombre des spectateurs était de plusieurs milliers.

Ces arrêtés étaient surtout à usage externe, avant tout destinés à la préfecture, ils visaient a convaincre le préfet que l’ordre serait respecté pendant la course, toutes les précautions étant prises pour éviter des accidents.

L’on trouve, durant ces années, quelques « réclamations relatives à des courses de taureaux provenant essentiellement de quelques prêtres se plaignant que les courses aient lieu pendant les offices et à proximité de l’église [1].

Le 25 mai 1867, une lettre du préfet du Gard au maire de Bellegarde précise que "aux termes d’instruction récentes de son excellence monsieur le ministre de l’intérieur, les courses de taureaux ne doivent pas être formellement autorisées, mais simplement tolérées dans les localités où elles se pratiquent de temps immémorial » [2]

Les courses n’ont pas bonne presse, mais les autorités préfectorales font contre mauvaise fortune bon cœur.
En outre, depuis 1853, les « mises à mort » à l’espagnole se sont peu à peu implantées dans notre région. Elles vont faire l’objet à leur tour, de toute une série d’interdictions, et désormais ce sont surtout les corridas qui vont subir les effets de la répression.

On n’ose plus guère intervenir contre les courses libres.
Ce n’est pourtant pas de gaieté de cœur qu’on les autorise, les termes sont ambigus, il ne s’agit pas d’une « autorisation formelle » mais plutôt d’une « simple tolérance ».

En tous cas, l’administration est hostile au développement de ces jeux dans les localités où il n’y a pas de tradition taurine.

[1Archives départementales du Gard

[2Archives départementales du Gard